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Guerre en Ukraine : une vétérinaire au plus près des réfugiés et de leurs animaux

Les Ukrainiens fuyant avec leurs animaux font face au manque de nourriture, de soins et de matériel, mais aussi à l’absence de documents officiels pour pouvoir franchir les frontières avec leurs compagnons en règle. La Fondation 30 Millions d’Amis a renouvelé son aide d’urgence à l’ONG roumaine Save Our Paws, qui accompagne ces réfugiés. Et le témoignage d’Emma, sa directrice, est poignant.

Scènes de chaos. Désemparés, désorientés, les Ukrainiens fuyant la guerre affluent dans des camps de réfugiés situés sur les territoires voisins, en attendant de rejoindre les pays pouvant les accueillir de façon plus pérenne. Or, ces familles sont souvent accompagnées de leurs animaux. C’est ce que constate chaque jour l’ONG roumaine Save Our Paws, qui a bénéficié d’une première aide financière de la Fondation 30 Millions d’Amis débloquée en urgence. Jouxtant la Moldavie voisine de l’Ukraine, la Roumanie est en effet l’une des « portes de sortie » possibles pour ces déracinés fuyant la guerre.

« Les familles risquent d’avoir à abandonner leurs animaux à la frontière »

« Les réfugiés qui rejoignent notre refuge passent par la Moldavie, explique Emma Stratulat, vétérinaire et fondatrice de Save Our Paws, jointe par 30millionsdamis.fr. La « première vague » était constituée de personnes qui arrivaient à fuir en voiture, mais à présent, de plus en plus de gens arrivent en train, en bus, et même à pied. » En Roumanie, des bénévoles attendent donc les familles ukrainiennes à la frontière afin de les conduire vers des foyers d’accueil ou des camps de réfugiés. « C’est vraiment bouleversant. Même à l’instant, je peux me mettre à pleurer », avoue la jeune femme, en « première ligne » face à cette détresse humaine… et animale.

« Le problème principal, ce sont les documents administratifs, précise Emma. La plupart des réfugiés ne font que transiter par la Roumanie, ils ne restent pas. Mais les frontières ne laissent pas passer les animaux sans passeport européen (un document obligatoire pour circuler entre les pays de l’Union européenne avec un animal de compagnie, NDLR). Les familles risquent donc d’avoir à abandonner leurs animaux à la frontière. » Or, la plupart des chiens et chats venus d’Ukraine ne sont ni vaccinés contre la rage, ni identifiés. C’est pourquoi, la vétérinaire prodigue chaque jour des vaccins et procède à l’implantation de puces électroniques d’identification, autant d’actes indispensables pour que les réfugiés puissent ensuite voyager en règle avec leurs compagnons d’infortune.

Persévérance et douceur face aux drames

Outre les soins vétérinaires et les documents officiels, l’ONG roumaine approvisionne également les réfugiés en nourriture et en matériel – notamment des caisses de transport – pour leurs animaux. La vétérinaire avoue toutefois se heurter à la barrière de la langue : « Cela nous prend parfois des heures pour comprendre ce qu’ils essayent de nous dire, et surtout pour leur expliquer ce que nous faisons, par exemple le fait que le vaccin contre la rage est obligatoire. » Si la persévérance et la douceur de la vétérinaire lui ont suffi à résoudre les situations les plus complexes, à l’instar de l’aide apportée à une famille de sourds-muets dont le chien, très âgé, souffrait de graves problèmes de foie, d’autres drames ont laissé leur trace dans la mémoire de la jeune femme. « Le deuxième chien auquel nous avons délivré un passeport était un bichon, dont la maîtresse se rendait en Allemagne. Je l’ai appelée sur le chemin pour prendre des nouvelles. En larmes, elle m’a dit qu’elle venait d’apprendre que ses proches restés à Odessa (sud de l’Ukraine, NDLR) étaient tous morts. »

10 chats, un chien et un cochon d’Inde pris en charge au refuge

« Nous devons aussi nous occuper d’animaux que les gens ont dû laisser derrière eux parce que certaines compagnies aériennes les refusent, ajoute la fondatrice de Save Our Paws. Les premiers jours, devant notre refuge, nous avons trouvé un félin dans un sac avec un numéro de téléphone et un mot : « S’il vous plaît, sauvez mon chat ». Nous avons pris cet animal sous notre aile. » Accueillant déjà plusieurs dizaines de chiens errants sauvés de la misère des rues en Roumanie, l’association a pris en charge une douzaine de pensionnaires venus d’Ukraine, dont 10 chats, un chien et un cochon d’Inde. « Mais nous continuons à recevoir davantage de messages pour nous demander de prendre en charge d’autres animaux », s’inquiète la vétérinaire.

Une deuxième aide débloquée par la Fondation 30 Millions d’Amis

 

L’aide de la Fondation 30 Millions d’Amis fait naître des sourires sur le visage des gens.
Emma, Save Our Paws

Avec l’aide financière débloquée en urgence par la Fondation 30 Millions d’Amis, l’ONG a pu acheter des vaccins, des puces électroniques et des médicaments, mais aussi de la nourriture, des paniers ou encore des caisses de transports. « Tout ce que nous faisons, nous n’aurions pas pu le faire sans l’aide de la Fondation 30 Millions d’Amis. Cette aide fait naître des sourires sur le visage des gens », glisse Emma. Une deuxième aide a été versée cette semaine à l’association, afin de lui permettre de poursuivre ses actions indispensables. « Ici en Roumanie, la guerre se rapproche, s’inquiète néanmoins la vétérinaire. Certains jours, nous pouvons entendre les bombardements et voir passer les avions (de chasse) dans le ciel. Nous craignons aussi pour notre sécurité, même si nous essayons de rester positifs. Le futur n’est pas rose, il est plutôt gris, car nous ne savons pas de quoi il sera fait. »

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