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Sur fond de nationalisme, la Serbie reste massivement prorusse

Des manifestants pro-russes défilent dans les rues du centre de Belgrade, en Serbie, le 4 mars 2022. STR / REUTERS

Toute l’Europe est derrière l’Ukraine ? Oui, à une exception de taille près. Depuis le début de l’invasion russe, la Serbie, pays des Balkans comptant 7 millions d’habitants, se démarque du reste du Vieux Continent, en évitant soigneusement de sanctionner Vladimir Poutine. Vendredi 4 mars, des milliers de militants d’extrême droite ont défilé dans les rues de Belgrade pour soutenir l’offensive, en brandissant des drapeaux russes. « Tous les Russes sont des frères des Serbes », a proclamé Damnjan Knezevic, un des organisateurs de la manifestation et le chef du mouvement d’extrême droite Patrouille du peuple, qui s’est fait connaître en Serbie, ces dernières années, pour ses agressions violentes contre des migrants.

Bien qu’isolée dans le paysage politique, cette manifestation de l’extrême droite est le symbole d’une opinion qui reste massivement prorusse. « Ce soutien va largement au-delà de l’extrême droite, il suffit d’écouter ce que disent les gens dans la rue », explique Predrag Petrovic, directeur de recherche au Centre de Belgrade pour les politiques de sécurité. Organisée deux jours plus tard, la « contre-manifestation de soutien à l’Ukraine n’a réuni qu’environ 500 personnes », reconnaît aussi Sofija Todorovic, directrice de programme à l’YIHR, une ONG qui œuvre pour la réconciliation dans les Balkans.

Au-delà de la traditionnelle solidarité entre deux peuples slaves et orthodoxes, en Serbie, la guerre en Ukraine « est surtout vue comme une forme de revanche contre les bombardements de l’OTAN en 1999 », rappelle M. Petrovic, en affirmant que « le sentiment général est moins prorusse qu’anti-OTAN ». Décidée par les puissances occidentales en représailles aux massacres commis par l’armée serbe au Kosovo, cette campagne de bombardement reste un vif traumatisme en Serbie, un pays qui n’a pas non plus digéré la dissolution de l’ex-Yougoslavie. Ces derniers jours, de nombreux tabloïds ont aussi pris fait et cause pour la Russie, en publiant des « unes » mensongères, affirmant, par exemple, que c’est « l’Ukraine qui a attaqué la Russie ».

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Dans ce contexte, le président et homme fort du pays, Aleksandar Vucic, reste très prudent sur la politique à conduire. Ce nationaliste modéré, qui a montré depuis son arrivée au pouvoir, en 2014, ses tendances autoritaires, est l’ancien ministre de l’information du dictateur Slobodan Milosevic ; il reste un maître pour naviguer entre les différents intérêts géopolitiques, tout en flattant son opinion publique. Après avoir attendu deux jours pour réagir au début du conflit, il a publié une longue prise de position alambiquée. S’il soutient l’« intégrité territoriale de l’Ukraine », il ne nomme pas véritablement l’agresseur russe et refuse surtout de prendre la moindre sanction contre Moscou, au nom de la « préservation des intérêts serbes », notamment l’approvisionnement en gaz russe.

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