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La minorité grecque d’Ukraine se réfugie à Athènes

Nikolas et ses deux filles, Mélina (11 ans) et Athina (5 ans) sont originaires d’Odessa (Ukraine). Ils séjournent temporairement chez les cousins d’un ami à Athènes (Grèce). LOULOU D’AKI POUR « LE MONDE »

Epuisé après cinquante-six heures de voyage en bus depuis Odessa, Panagiotis Perimenis débarque à la tombée de la nuit au centre d’Athènes. Sa femme, Anna, et sa fille, Evelina, traînent deux valises. « Jusqu’à la dernière minute, je ne voulais pas partir, mais le consulat grec a fini par me persuader que c’était le bon choix. Nous ne savons pas comment la situation peut évoluer », constate-t-il. Avec son passeport grec, l’échappatoire a été plus facile.

« Certains attendent des heures à la frontière entre la Bulgarie et la Grèce, car ils n’ont pas de documents grecs… Ils font partie de la minorité grecque mais ils ne se sont pas enregistrés auprès des autorités, ils ne parlent plus la langue, n’ont plus de famille en Grèce mais pourtant ils veulent venir ici car ils sont attachés à la culture grecque », note le chef d’entreprise quinquagénaire. Pour Panagiotis, pas question de s’éterniser à Athènes : « Notre but est de reprendre des forces et de rentrer au plus vite à Odessa. » Depuis l’invasion russe en Ukraine, 4 649 réfugiés sont arrivés en Grèce.

La minorité grecque en Ukraine compte, selon le ministère des affaires étrangères grec, plus de 100 000 personnes dont la majorité est installée dans la région de Marioupol dans le sud-est du pays, un des fronts les plus violents de la guerre. La présence des Grecs autour de la mer Noire remonte à l’Antiquité mais la communauté actuelle est surtout liée à une immigration datant du XVIIIe siècle après la reconquête par l’Empire tsariste de ce territoire dominé jusqu’alors par les Ottomans. Pour christianiser la région, Catherine II offrit des terres aux Grecs arrivés de Crimée, et ils fondèrent la ville de Marioupol et vingt villages dans les alentours qui portent des noms à consonance grecque.

« Pas d’enseignement du grec »

« Pendant la période soviétique, il n’y avait pas d’enseignement du grec. Les minorités étaient souvent vues avec méfiance par le régime. Certaines générations ont donc oublié cette langue, changé de noms de famille. Ce n’est qu’après la chute de l’URSS que les écoles grecques ont rouvert, que des journaux, des émissions de radio, des associations et un centre culturel ont de nouveau vu le jour », souligne Nanouchka Potkoviroff, professeure de grec à l’université d’Odessa, qui a trouvé refuge chez sa cousine, Christina, dans une banlieue résidentielle d’Athènes. « Mon grand-père est parti d’Odessa au moment de la révolution bolchevique et s’est installé en France. Des générations après nous sommes à nouveau obligés de partir de notre pays… », raconte l’universitaire qui a été rapatriée depuis la Roumanie par le consulat grec, avec son chat de 13 ans.

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