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En Côte d’Ivoire, un hôpital se penche sur la prise en charge des fistules obstétricales

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Le chirurgien français Jean-Marie Colas forme ses homologues ivoiriens lors d’une opération de microfistule à l’hôpital Saint-Jean-Baptiste de Bodo. YOUENN GOURLAY

Une simple blouse bleue sur le dos, Salimata*, 63 ans, arrive dans le bloc opératoire en fauteuil roulant, le regard inquiet. Face à elle, trois chirurgiens et plusieurs infirmiers s’apprêtent à opérer une affection qu’elle traîne depuis vingt ans : une microfistule obstétricale, une lésion entre le vagin et la vessie qui la rend incontinente et l’empêche de vivre normalement.

L’un des membres du personnel hospitalier la rassure en dioula, une langue du nord de la Côte d’Ivoire, avant que l’anesthésie locale fasse son effet. « Ah ça y est, c’est ici ! », lance le chirurgien français Jean-Marie Colas après une vingtaine de minutes à chercher la lésion. Urologue à la retraite, il est venu de France pour former bénévolement ses confrères et consœurs ivoiriens de l’hôpital privé Saint-Jean-Baptiste de Bodo, à 100 km au nord-ouest d’Abidjan. Une formation en « compagnonnage », explique-t-il : « Premier temps, j’opère, ils regardent. Deuxième temps, ils opèrent, je contrôle. Troisième temps, c’est l’autonomie complète. »

Alors que plus de 44 000 femmes souffrent de cette affection dans le pays, selon le Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap), pas plus de dix spécialistes ivoiriens sauraient l’opérer. S’il ne s’agit pas d’une chirurgie lourde, elle demande beaucoup de technicité. « C’est très particulier car c’est un endroit étroit, où la visibilité est mauvaise. Et il est difficile de retrouver l’orifice à l’origine des écoulements, vu que ce n’est jamais au même endroit en fonction de la patiente », développe Gisèle Kra, l’une des gynécologues formées par le docteur Colas.

A Bodo, une cinquantaine de femmes comme Salimata ont pu être opérées, en décembre et février, lors de campagnes lancées pour lutter contre les fistules obstétricales. Les opérations durent entre une et cinq heures en fonction des cas. L’affection, qui peut se trouver entre le vagin et la vessie ou le rectum, est causée par l’absence de soins obstétricaux, après un accouchement difficile par exemple. Douloureuse, la fistule empêche la femme de contrôler ses urines ou ses selles et peut provoquer des complications lors de l’accouchement suivant.

Dépression, isolement et pauvreté

« Les fistules apparaissent dans les pays où il y a moins de 5 % de césariennes lors des accouchements », note le docteur Colas, ce qui est le cas en Côte d’Ivoire. Ce problème de santé publique révèle également un accès aux soins inégal dans la santé maternelle, certaines femmes ne pouvant pas payer les frais ou se rendre dans une maternité à plusieurs dizaines de kilomètres de chez elles.

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