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FactuelDes volontaires aident le musée national et les Eglises à protéger le patrimoine culturel ukrainien. L’Unesco se dit « extrêmement préoccupée » par les dommages déjà infligés dans les villes de l’est et du sud bombardées.
Igor Kozhan promène un regard amer sur les murs nus du Musée national Andreï-Sheptysky, du nom de son fondateur, situé dans le centre-ville historique de Lviv. Cela fait plusieurs jours que le directeur de ce lieu dédié à la culture ukrainienne coordonne ses équipes afin de mettre les œuvres d’art à l’abri dans les sous-sols du bâtiment. Depuis son ouverture, en 1991, jamais les parcours du musée accueillant la plus riche collection d’icônes du pays n’avaient été vidés. « Nous continuerons à travailler, assure ce sexagénaire d’une voix qui résonne dans les salles immenses. Mais aujourd’hui notre priorité est de protéger le pays et le patrimoine ukrainien. »
Ce lundi 7 mars, douze jours après le début de l’offensive russe lancée par le président Vladimir Poutine, les salariés du musée descendent les dernières œuvres religieuses par les escaliers. Le parquet du premier étage de ce bâtiment qui accueillait le Musée Lénine à l’époque soviétique est recouvert de morceaux de carton et de polystyrène. Les espaces d’exposition sont quasiment vidés. Dans le hall d’entrée, à côté des statues, des piles de cartons sont posées sur le sol, en attente.
Igor Kozhan, directeur du Musée national Andreï-Sheptysky, dans une salle du musée vidée de ses oeuvres, à Lviv, en Ukraine, le 7 mars 2022. LUCAS BARIOULET POUR « LE MONDE »
« La situation était absurde, car quand la guerre a commencé [le 24 février], le musée était ouvert et toutes les pièces accrochées dans les parcours », déplore Angelina Zabytivska, chargée des expositions. Grâce aux salariés et à l’aide de volontaires venus d’autres musées, ajoute-t-elle, « nous protégeons les œuvres en les déposant dans plusieurs lieux de la ville ». Très vite, la ville de l’ouest, devenue la capitale refuge de l’Ukraine, où convergent des milliers de personnes fuyant l’avancée des troupes russes et où plusieurs ambassades ont choisi de se relocaliser, avait aussi été désignée pour recevoir les collections des musées de Kiev, la capitale, et de Kharkiv, deuxième ville du pays, à l’est, prises pour cibles. « Mais ils n’ont pas eu le temps de transporter les pièces et de les évacuer », soupire Angelina Zabytivska. Trop risqué pour des convois. Les routes sont désormais impraticables.
Toiles parties en fumée
L’Ukraine craint pour son patrimoine culturel, alors que les villes de l’est et du sud du pays sont attaquées et bombardées. Les autorités militaires russes disent restreindre leurs attaques aux infrastructures militaires stratégiques, mais de nombreux quartiers résidentiels, des sites historiques et des églises ont été touchés par des frappes.
Dans un communiqué publié jeudi 3 mars, l’Unesco s’est d’ailleurs dite « extrêmement préoccupée » par les dommages infligés à Kharkiv, régulièrement bombardée, et au centre historique de Tchernihiv, située dans le nord-est, « inscrit sur la liste indicative du Patrimoine mondial de l’Ukraine ». L’agence onusienne dit aussi regretter « profondément les signalements de dommages causés aux œuvres de la célèbre artiste ukrainienne Maria Primachenko ». Selon les autorités ukrainiennes, 25 toiles de cette représentante de l’art naïf seraient parties en fumée à cause d’un incendie déclenché par les forces russes dans le musée local de la ville d’Ivankiv, au nord de Kiev.
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