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Ukraine : la délicate neutralité des pays du Golfe

Le président russe Vladimir Poutine et le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed Ben Zayed, en octobre 2019, à Abou Dhabi. ALEXANDER ZEMLIANICHENKO / AP

Alors que les pays occidentaux s’efforcent d’isoler diplomatiquement la Russie, comme en témoigne l’adoption par l’Assemblée générale des Nations unies à une écrasante majorité, mercredi 2 mars, d’une résolution exigeant que la Russie cesse son intervention en Ukraine, les deux principales puissances du Golfe se distinguent par leur volonté de conserver une position neutre, voire ambiguë, à l’égard de Moscou.

Si les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont soutenu la résolution onusienne adoptée mercredi, Abou Dhabi avait décidé, le 25 février, de s’abstenir de voter sur un texte similaire présenté devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Membre non permanent du Conseil, les Emirats arabes unis en ont pris la présidence, mardi 1er mars, pour un mois.

Contrairement aux résolutions de l’Assemblée générale, qui ne sont pas contraignantes, celles présentées devant le Conseil de sécurité de l’ONU, où la Russie dispose d’un droit de veto, ont davantage de poids et de conséquences. Selon un diplomate maghrébin, le choix de voter pour la résolution de l’Assemblée générale quelques jours après s’être abstenu au Conseil de sécurité répond à la volonté « de ne pas contrarier la Russie sans pour autant braquer les Etats-Unis ». Soit un numéro d’équilibriste qui tranche avec les positions des alliés traditionnels des Etats-Unis ou des pays européens.

« Prendre parti ne ferait qu’engendrer davantage de violence. [La priorité des Emirats arabes unis] est d’encourager toutes les parties à recourir à l’action diplomatique », argumentait, dimanche, Anwar Gargash, le conseiller diplomatique du prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed Ben Zayed, dirigeant de fait des Emirats arabes unis, pour justifier l’abstention de la monarchie au Conseil de sécurité.

Frustration grandissante à l’égard de Washington

La veille du vote, Antony Blinken avait pourtant appelé son homologue émirati, Abdallah Ben Zayed, pour réaffirmer « l’importance de construire une réponse internationale forte pour soutenir la souveraineté » de l’Ukraine. Peine perdue.

La neutralité de circonstance des Emirats s’inscrit dans un contexte de frustration grandissante face à la façon dont l’administration Biden traite, à leurs yeux, les questions sécuritaires dans Golfe. Peu après son entrée en fonction, M. Biden avait retiré les rebelles houthistes yéménites de la liste des organisations terroristes établie par les Etats-Unis. Une décision mal vécue par Abou Dhabi.

Les analystes proches de la monarchie ne manquent pas de souligner que les Etats-Unis n’ont, en outre, pas, à leurs yeux, pris suffisamment au sérieux les tirs de missiles balistiques lancés par les houthistes du Yémen contre les territoires saoudien et émirati, ces derniers mois. La Russie, pour sa part, a opportunément voté, lundi 28 février, une résolution proposée par les Emirats arabes unis qui vise à étendre à l’ensemble du mouvement houthiste un embargo sur les armes imposé par l’ONU à plusieurs dirigeants du mouvement.

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