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Guerre en Ukraine : « Imaginez le prix que vous pourriez être amenés à payer un jour pour que vos libertés demeurent intangibles »

Tribune. Chers poètes amis, je n’ai pour ma part jamais promu de pétition, sauf pour ce qui concerne la défense de la commission « poésie » au Centre national des lettres (CNL), menacée de fusion [avec la commission « roman », en 2012] il y a quelques années. L’écrivain André Velter, le poète et philosophe Michel Deguy (1930-2022) et moi-même avions alors œuvré ensemble auprès de la ministre de la culture d’alors, Aurélie Filippetti. Plus récemment, j’ai récidivé en faveur de la langue picarde et de son enseignement auprès du ministère de l’éducation nationale.

C’est assez peu, je le reconnais, en matière d’interventions. Je me hâte d’autant plus de vous dire que le texte que je signe ci-dessous n’appelle pas votre contre-signature. Je respecte trop votre liberté. Car c’est précisément de liberté dont il s’agit, aujourd’hui, de la plus haute exigence.

La guerre qui frappe l’Ukraine est une guerre de la liberté, pour la liberté, contre l’impérialisme. Je suis né en 1939 et j’ai grandi dans un petit village du nord de la France dont l’école, dirigée par ma mère, l’institutrice, restée à son poste, était un quartier général pour les troupes nazies. Très tôt j’eus l’illusion chimérique, du haut de mes quatre ans, de résister, en lieu et place de mon père, fait prisonnier dans la très lointaine Silésie.

Une folie héritée

Pas si lointaine que cela aujourd’hui, vous remarquez. Comme lui, libéré en 1945 par les troupes russes, j’ai toujours considéré et considère encore aujourd’hui avoir grandement dû notre libération, notre survie à l’armée russe et à l’héroïsme du peuple russe – sans oublier le peuple ukrainien – à l’exemple des combats de Stalingrad.

La guerre qui fait rage en Ukraine aujourd’hui me sidère, me révolte, me dégoûte. Un tyran, un dictateur, appelez-le comme vous voudrez pervertit le langage extrêmement simple de la liberté.

Produit apparent d’une folie héritée tout ensemble de la seconde guerre mondiale, du soviétisme le plus implacable, voire du tsarisme opprimant ses serfs, ce général en chef se comporte exactement comme les ennemis que son peuple a anéantis en 1943. L’histoire, ici, n’est pas seulement ironique ni ne se contente de balbutier, elle abdique, laissant aux Ukrainiens le soin d’être héroïques à sa place.

Nous aimions déjà à nous dire « en guerre »

Vous, poètes amis, avez l’imagination qui sied aux poètes, donc pouvez facilement vous figurer dans la position de ces médecins, enseignants, infirmières qui se sont portés au premier rang des combats à Kharkiv et à Kiev. N’est-il pas étrange, en effet, de voir que ce sont les mêmes qui, il y a quelques semaines à peine, menaient déjà « la guerre » contre le Covid ?

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