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Guerre en Ukraine : A Marioupol, « c’est un enfer, c’est Alep. Je voudrais que tout le monde l’entende en Europe »

Une maternité a été convertie en unité médicale et abri anti-aérien, à Marioupol, le 1er mars 2022. EVGENIY MALOLETKA / AP

A Marioupol, la grande ville portuaire de l’oblast de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine, la journée du samedi 5 mars avait commencé avec l’annonce d’un accord pour un corridor humanitaire. Une note d’espoir, qui s’est vite dissipée.

« Nous avions trouvé trois bus avec des conducteurs acceptant de risquer leur vie pour transporter les civils. Quatre points de rassemblement pour des voitures individuelles remplies de civils. Mais à environ 11 heures, [les Russes] se sont mis à bombarder les points de rassemblement », rapporte Anna Romanenko, journaliste et activiste pro-Ukraine. D’ordinaire installée avec sa rédaction dans le centre-ville, elle se trouve actuellement dans une zone qui lui permet d’être en contact régulier avec plusieurs interlocuteurs prisonniers du siège organisé par les forces militaires russes. Depuis quatre jours, aucun civil n’a pu quitter la ville assiégée.

Electricité, Internet et réseau mobile coupés

Pour Anna Romanenko, avec qui Le Monde s’est entretenu par messagerie électronique, le bombardement du corridor humanitaire sert à dissuader les habitants de Marioupol de sortir, mais aussi à cacher la terrible réalité du siège, en faisant croire que la situation est normale, puisque les gens ne souhaitent pas évacuer. L’armée russe a d’ailleurs fait en sorte que les Marioupolitains soient privés d’électricité, d’Internet et de réseau mobile, ajoutant une sorte de « siège numérique » au siège militaire de la ville.

Anna Romanenko assure que le nombre de personnes à évacuer ne se chiffre non pas en milliers, mais en dizaines de milliers : « Aujourd’hui, en dépit des accords et des engagements, la Russie n’a pas seulement empêché les civils de sortir du siège, elle a en outre entrepris de bombarder les colonnes de civils pour les en dissuader. » L’évacuation a immédiatement été suspendue et les habitants ont dû se résoudre à regagner leurs abris.

Marioupol vit sous les bombardements depuis le 24 février. Ils étaient épisodiques les trois premiers jours et les autorités locales parvenaient dans l’intervalle à réparer les fuites de gaz, les lignes électriques et les conduites d’eau. Depuis quatre jours, les bombardements sont permanents, c’est un tapis de bombes qui s’abat sur toute la ville. Il ne reste plus une seule rue où se mettre à l’abri. Les services communaux ne peuvent plus faire les réparations d’urgence. Il ne s’agit pas simplement de tirs de mortier, mais de roquettes multiples et de missiles de croisières, équipés de bombes à sous-munitions.

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