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Enquête« Suisse Secrets » | Kassym-Jomart Tokaïev, qui a vilipendé en janvier l’enrichissement des oligarques proches de son prédécesseur, possède d’importants fonds à l’étranger, soigneusement dissimulés jusqu’à ce jour.
Désavouer son mentor pour apaiser la foule en colère. Tel est l’exercice acrobatique auquel a dû se livrer Kassym-Jomart Tokaïev au mois de janvier après la violente répression du soulèvement populaire contre les inégalités au Kazakhstan. « Un groupe d’entreprises très rentables est apparu dans le pays, de même qu’un groupe d’individus fortunés ; je pense qu’il est temps de rembourser le peuple du Kazakhstan de manière systématique et régulière », a déclaré le président kazakh, le 11 janvier, dans une adresse à la nation, en ciblant de façon inédite son prédécesseur Noursoultan Nazarbaïev (1990-2019) et les oligarques qui lui sont proches, accusés de s’être enrichis sur le dos du peuple.
Ce discours de chevalier blanc vient aujourd’hui se heurter à l’enquête internationale « Suisse Secrets », qui révèle que M. Tokaïev possède lui-même d’importantes richesses à l’étranger, soigneusement dissimulées jusqu’à aujourd’hui.
En 1998, alors qu’il n’est encore qu’un apparatchik sous les ordres du président Nazarbaïev, Kassym-Jomart Tokaïev fait ouvrir un compte chez Credit Suisse au nom de son épouse et de son fils, alors âgé de 14 ans. Les données confidentielles de la banque obtenues par nos confrères de la Süddeutsche Zeitung ne permettent pas de connaître le montant total des flux financiers qui ont transité sur ce compte. Mais elles révèlent qu’il a abrité jusqu’à 1,5 million de francs suisses (987 000 euros) en 2005, au moment où M. Tokaïev était à la tête du ministère des affaires étrangères.
Deux sociétés offshore aux îles Vierges britanniques
En se replongeant dans les « Pandora Papers », une précédente fuite de données provenant de cabinets de conseil offshore obtenue par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), Le Monde et ses partenaires ont découvert que l’appétit de la famille Tokaïev pour les places financières discrètes ne s’est pas cantonné à la Suisse.
Six mois après la fermeture de leur compte, en septembre 2011, M. Tokaïev et sa famille ont en effet immatriculé Wisdom Invest & Finance et Wishing Well Group, deux sociétés offshore installées dans le paradis fiscal opaque des îles Vierges britanniques et gérées par un cabinet d’avocats chypriote. D’après les documents de l’ICIJ, chacune détenait un compte dans une banque suisse différente : Notenstein Privatbank pour la première et Julius Baer pour la seconde. On ignore quels fonds ces comptes détenaient.
Dissimulée derrière le paravent de ces sociétés offshore, la famille Tokaïev a également discrètement monté une société au Royaume-Uni, baptisée Edelweiss Resources LLP. Elle détenait en 2014 plus de 5,1 millions de livres sterling (6,1 millions d’euros), principalement en avoirs bancaires, à en croire ses comptes.
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L’article Credit Suisse : au Kazakhstan, la fortune offshore du président qui se voulait chevalier blanc est apparu en premier sur zimo news.