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A Starohnativka, tout près du front, des civils éprouvés par les bombardements

Le  village de Sopyne, quasiment laissé à l’abandon, à huit kilomètres de la ligne de front, le 19 février 2022, en Ukraine. LORENZO MELONI / MAGNUM PHOTOS POUR « LE MONDE »

Deux grands-mères prennent le soleil, assises sur un banc au bord de la grand-route traversant le village de Starohnativka, à 4 kilomètres des premières positions prorusses. Valentina Ivanovna, 81 ans, et Evdokia Spiridonovna, 77 ans, sont les seules habitantes visibles en ce dimanche 20 février, malgré les températures douces et les belles éclaircies. Les deux voisines font grise mine. Au loin, on entend des tirs d’artillerie et des explosions. De temps en temps, un véhicule traverse en trombe le village.

« C’est effroyable ! Si vous saviez comme nous avons peur pendant les bombardements, c’est insoutenable », s’exclame Valentina Ivanovna, qui se met à pleurer. « La nuit de vendredi à samedi, je n’ai pas fermé l’œil, j’étais terrorisée ! Jamais ça n’avait frappé ainsi depuis 2015. »

« Nous avons tant envie que la paix revienne, nous avons envie de revoir nos enfants ! », ajoute, en écho, Evdokia Spiridonovna. Starohnativka, à 70 kilomètres au sud de Donetsk, s’est progressivement vidée de ses habitants au cours des huit années de conflit entre l’armée ukrainienne et les forces prorusses de la république autoproclamée de Donetsk. « Il n’y a plus du tout de jeunes ici, parce qu’il n’y a aucune sécurité et aucun avenir, grommelle Valentina Ivanovna. Ici, il ne reste que des vieilles, le plus souvent esseulées. Et comment pourrions-nous partir ? Mon mari est grabataire. Nous ne possédons qu’une seule chose : notre toit. Alors, nous vivons dans la peur. Et si ma maison s’effondre ? C’est la fin, j’ai tout perdu ! Une maison pour laquelle j’ai travaillé toute ma vie ! Si elle est détruite, personne ne va la reconstruire. »

« Le village se meurt, la moitié des maisons sont vides, enchaîne Evdokia Spiridonovna, qui a perdu un œil durant un bombardement en 2015. Mais partir, non. Je mourrai ici. Où donc devrait-on aller ? Personne ne nous attend ailleurs. Ce sont les jeunes qui peuvent partir et se refaire une vie, mais nous ? Avant ici, il y avait des troupeaux qui paissaient, nous vivions bien mieux. » C’était avant la guerre. « Nous vivions encore mieux à l’époque soviétique », s’empresse d’ajouter Valentina Ivanovna.

« La tension monte à nouveau »

Sur les torts des uns et des autres, les deux dames restent évasives. « Tout ce que nous voulons, c’est qu’ils [les dirigeants] se mettent d’accord. Qu’ils fassent donc chacun marche arrière et trouvent un compromis. Combien de temps cette horreur va-t-elle encore durer ? » Cette vision s’écarte singulièrement du consensus général en Ukraine, qui attribue la faute à « l’occupant » russe et à « l’agresseur » Vladimir Poutine. Les voisines se gardent d’émettre un jugement à l’endroit du président russe. « J’ai une petite-fille à Moscou », dit l’une. « Moi aussi », acquiesce l’autre.

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