Au 22e jour du début du siège d’Ottawa organisé par le mouvement des camionneurs canadiens, les forces de l’ordre ont lancé, vendredi 18 février, les premières opérations destinées à venir à bout des blocages illégaux. Le matin même, pour assurer la sécurité des députés, la Chambre des communes avait choisi de suspendre le débat parlementaire en cours sur la loi sur les mesures d’urgence, invoquée par le premier ministre, Justin Trudeau, le 14 février, pour étendre les pouvoirs de la police.
Dès le début de la matinée, environ un millier de policiers issus de sept corps canadiens – agents de la ville d’Ottawa, de la province de l’Ontario, de la Sûreté du Québec, ou encore de la Gendarmerie royale du Canada –, appuyés par des blindés mais aussi par des tireurs d’élite positionnés sur les toits, se sont déployés dans le centre-ville de la capitale fédérale, placée en état d’urgence. Ils en ont rapidement sécurisé les accès pour empêcher toute éventuelle arrivée de renforts de manifestants, fermant les bretelles d’autoroute d’accès à la ville et instaurant une centaine de points de contrôle.
Des face-à-face tendus ont opposé, plusieurs heures durant, des policiers casqués et armés à des chauffeurs routiers descendus de leur cabine, aux cris de « Liberté » et munis de drapeaux canadiens. La police montée est intervenue pour disperser quelques mouvements de foule. Le chef par intérim de la police d’Ottawa, Steve Bell, a indiqué que des camionneurs avaient placé leurs enfants « en première ligne », en guise de boucliers ; ces enfants auraient été évacués dans la matinée « en lieu sûr ».
Pas de confrontation violente
Malgré un déploiement policier impressionnant – et rarement vu au Canada –, c’est une opération « lenteur » qui a été menée par les forces de l’ordre, Steve Bell défendant pour sa part une « approche méthodique ». Pas de confrontation violente, mais une reconquête mètre par mètre du centre-ville. Avant de procéder à l’évacuation des quelque 370 camions toujours présents dans la ville, la police a choisi de neutraliser d’abord leurs chauffeurs : « une centaine de manifestants » arrêtés, annonçait la police dans la soirée, parmi lesquels figuraient les principaux organisateurs du mouvement.
Après l’interpellation, la veille, de Christopher Barber, un camionneur de la Saskatchewan, et de Tamara Lich, présidente autoproclamée du convoi dit de « la liberté », qui fut à l’initiative de la première levée de fonds de plus de 10 millions de dollars en soutien aux manifestants, le militant canadien d’extrême droite Patrick King a été arrêté à son tour à la mi-journée. Une arrestation filmée et diffusée sur les réseaux sociaux par ses soins, quelques instants seulement après avoir envoyé de nouveaux messages pour inciter « les camionneurs à continuer le combat », et menacer les remorqueurs, appelés à déloger les véhicules, de représailles. Dans un communiqué diffusé jeudi soir, les organisateurs du « Freedom Convoy » s’étaient dissociés de Pat King, affirmant qu’ils n’encourageaient en « aucune façon la rhétorique haineuse, les commentaires qui divisent et les appels à la violence » de celui-ci.
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