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Dans l’est de l’Ukraine, le scénario du pire

Après des bombardements sur une école et des maisons de Vrubivka, près de la ligne de contact dans la région de l’oblast de Louhansk, à l’est de l’Ukraine, le 18 février 2022. LAURENT VAN DER STOCKT POUR « LE MONDE »

Entre provocations, manipulations et violences, les événements se sont précipités, depuis vendredi 18 février au Donbass, faisant redouter une offensive de Moscou. Samedi matin, un soldat ukrainien a été tué par un éclat d’obus et les dirigeants des deux républiques séparatistes prorusses de cette région de l’est de l’Ukraine ont décrété « la mobilisation générale ».

Coup sur coup, vendredi, les autorités séparatistes avaient annoncé des explosions et mis en scène l’évacuation de la population vers la Russie. Ces violences, présentées comme des provocations ukrainiennes, pourraient servir de prétextes à une intervention militaire russe. Les images, filmées par les séparatistes puis largement diffusées par les télévisions aux ordres du Kremlin, pourraient permettre à Vladimir Poutine de justifier l’opération auprès de sa propre opinion publique. Les autorités prorusses avaient d’abord déclaré qu’une voiture piégée avait explosé près d’un bâtiment officiel, à Donetsk, ville sous leur contrôle. Puis, dans la cité voisine de Lougansk, une portion de gazoduc avait pris feu après une « puissante explosion », selon les agences de presse russes citant des correspondants sur place puis une deuxième détonation avait retenti. Aucun de ces incidents n’avait fait de victime.

Dans cette zone de conflit larvé depuis l’annexion de la Crimée et le début du conflit au Donbass en 2014, le cessez-le-feu a soudainement volé en éclats depuis trois jours avec une hausse significative des tirs (411 violations dans la région de Donetsk et 1 050 dans celle de Lougansk, selon les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe). Ces nouvelles violences ont accéléré les appels à l’évacuation des populations.

Sur les réseaux sociaux des séparatistes, puis dans les médias publics russes, les images se sont multipliées : enfants regroupés dans les cours d’écoles et d’orphelinats pour un départ précipité, familles quittant leur domicile, longues files de voitures en direction de la Russie. Le représentant local du ministère des situations d’urgence, à Donetsk, a annoncé l’évacuation planifiée de 500 000 à 700 000 personnes – une déclaration à prendre avec une extrême précaution. Ce climat de peur orchestré a été accentué par le bruit de fusillades au loin. La panique a gagné une partie des habitants, qui se sont précipités dans les supermarchés, les banques et les stations-service afin d’anticiper toute pénurie.

Soupçons sur une opération organisée à l’avance

Dans la journée, les évacuations semblaient être bien préparées, avec des listes de points de rassemblement diffusées par les autorités locales pour que les habitants se retrouvent devant les écoles, hôpitaux, magasins… Sur les portes des immeubles, des avis ont été scotchés pour appeler les hommes âgés de 18 à 55 ans à ne pas partir. « Il vaut mieux qu’ils restent dans la république », a déclaré Denis Pouchiline, le dirigeant séparatiste de la région de Donetsk qui, quelques heures plus tôt, avait très officiellement annoncé l’évacuation des civils vers la Russie, « en premier lieu femmes, enfants et personnes âgées ». Son homologue de la république de Lougansk, Léonid Passetchnik, a fait de même avant d’appeler « tous les hommes capables de tenir une arme à défendre leur patrie ». Tous deux accusent Kiev de préparer une opération après la multiplication des heurts pour envahir leurs deux républiques.

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