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« Au Vietnam, la croissance aux dépens de l’environnement »

Chronique. Le Vietnam connaît, depuis le début de la réforme économique « Doi Moi » en 1986, une croissance annuelle moyenne de plus de 5 % du produit intérieur brut (PIB). Mais celle-ci s’est traduite par une dégradation environnementale rapide (Foreign investment, economic growth, and environmental degradation since the 1986 « Economic Renovation » in Vietnam, Duc Hong Vo et Chi Minh Ho, Environmental Science and Pollution Research, 2021).

Ce constat semble contredire le scénario optimiste selon lequel, après un certain seuil de développement, l’impact négatif de la croissance sur l’environnement diminuerait grâce, entre autres, à une amélioration de l’efficience productive, via des investissements directs étrangers (IDE).

Ce scénario a pourtant fait l’objet de nombreuses études… aux résultats variables en fonction des pays et des périodes étudiés. Le cas du Vietnam est donc particulièrement intéressant pour tenter d’y voir plus clair.

Un dilemme

La croissance économique depuis 1986 y a en effet conduit à une forte augmentation de la consommation d’énergie fossile et des émissions de CO2, multipliées dans les deux cas par 15, contre « seulement » un facteur multiplicateur de 9 pour le produit intérieur brut. Cette croissance a bénéficié de l’arrivée massive d’investissements directs étrangers, qui ont été multipliés par 250 entre 1986 et 1987 puis par…1 500 entre 1987 et 2019 !

Faut-il alors continuer à penser que les IDE, favorisés par l’ouverture financière et la libéralisation des échanges, contribueront à terme à réduire les effets négatifs de la croissance sur l’environnement grâce à l’importation de technologies étrangères, ou bien faut-il les limiter, au risque de ralentir la croissance ? Tel est le dilemme auquel est confronté le gouvernement.

Pour répondre à cette question, les deux économistes vietnamiens, Duc Hong Vo et Chi Minh Ho, analysent l’évolution, entre 1986 et 2018, de la relation entre PIB par habitant et émissions de CO2, en distinguant des effets de court et de long terme, en décomposant la consommation d’énergie en deux catégories (fossiles et renouvelables), et en étudiant l’impact des IDE sur l’environnement.

Intervention nécessaire du gouvernement

Pour résumer, ils montrent que la dégradation environnementale a tendance à augmenter (et non pas à diminuer) à mesure que le pays s’enrichit. De plus, si les IDE contribuent à ralentir ce processus dans le court terme, ce n’est pas le cas dans le long terme. En effet, si des technologies plus performantes atténuent la pollution, l’accroissement de la production efface par la suite cet avantage.

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