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« Ce n’est certainement pas au Kremlin de dire aux Ukrainiens ce qu’ils doivent faire »

La ministre finlandaise des affaires européennes, Tytti Tuppurainen, à Luxembourg, le 13 octobre 2020. VIRGINIA MAYO / AFP

Pour Tytti Tuppurainen, membre du gouvernement dirigé par la sociale-démocrate Sanna Marin, l’un des enjeux de la crise actuelle est « la défense des valeurs occidentales ».

Comment analysez-vous les inflexions russes de ces dernières heures, laissant entrevoir une désescalade dans la crise entre l’Ukraine et la Russie ?

Des efforts continuent d’être mis en œuvre pour trouver une solution diplomatique à la crise. Tout signal qui suggère que ces efforts détendent la situation est bienvenu, mais le risque d’une agression n’est pas encore écarté. La Russie doit donner de nouvelles preuves de son engagement à mettre en œuvre une désescalade.

Comment résoudre cette crise ?

Personne n’a de boule de cristal, mais jusqu’ici Poutine n’a pas franchi le Rubicon. Les choses ne sont pas encore irréversibles. C’est l’intérêt de la Russie elle-même d’éviter une nouvelle escalade. Les canaux diplomatiques restent ouverts. Nous avons toujours soutenu le dialogue avec la Russie et saluons les efforts du président Macron, ceux de Joe Biden. Notre président Sauli Niinistö appelle souvent Vladimir Poutine. Le dialogue ne veut pas dire reprendre les positions de notre interlocuteur. Dans le cas d’une nouvelle agression, nous sommes préparés, et la Russie le sait, à activer des sanctions qui seront massives.

L’Ukraine doit-elle suivre la voix de la « finlandisation », en se tenant à l’écart de l’OTAN ?

Evoquer le concept de « finlandisation » est totalement inutile. Il appartient au passé, puisqu’il est apparu dans les années 1970, pendant la guerre froide. Les choses ont beaucoup changé. Dans le débat contemporain, il ne faut pas essayer de redonner vie aux fantômes du passé.

Une forme de neutralité peut-elle être la solution ?

La Finlande est 100 % solidaire de la position des Ukrainiens, qui veulent avoir la liberté de faire leurs propres choix. Cela fait partie de l’approche européenne de laisser chaque pays choisir sa voie. Ce n’est donc pas à moi, pas à l’UE, pas à l’OTAN, et certainement pas au Kremlin de dire aux Ukrainiens ce qu’ils doivent faire. Les sphères d’influence appartiennent au passé et nous ne pouvons tolérer une telle approche.

Poutine a déjà dit en 2005 que le démantèlement de l’URSS était la plus grande tragédie de l’histoire. Nous devons nous souvenir que la Russie a annexé illégalement la Crimée, au mépris des règles internationales. La Russie mène aussi une guerre hybride dans l’est de l’Ukraine. Ce n’est pas l’Ukraine qui a réagi de façon agressive, ni l’UE ni l’OTAN. Cette dernière est une alliance défensive qui ne menace personne, qui ne menace pas la Russie.

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