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« Barkhane » : entre la France et le Mali, histoire d’une rupture

Drapeau français à tête de mort lors d’une manifestation appelée par le gouvernement de transition du Mali, à Bamako, le 14 janvier 2022. PAUL LORGERIE / REUTERS

C’est une fin sans gloire pour une intervention armée entamée de manière euphorique et qui s’achève, neuf ans plus tard, sur fond de crise entre le Mali et la France, deux pays qui se crurent un temps liés par une amitié indéfectible. Paris devrait officialiser jeudi 17 février au matin son retrait militaire du Mali.

La conclusion de l’opération « Barkhane » en tant que telle et la réduction du nombre de soldats engagés au Sahel étaient annoncées depuis que le chef de l’Etat a signifié, en juin, « la transformation profonde » et « le redéploiement » de la présence militaire française dans cette région. Mais le choix de retirer les quelque 2 500 soldats présents à ce jour au Mali est une conséquence de la dégradation accélérée des relations entre Bamako et ses principaux partenaires, Paris en tête, ces derniers mois. « Nous sommes au croisement de deux trajectoires. La première, qui vient de loin, est le mouvement d’adaptation de notre posture militaire au Sahel. La seconde, plus conjoncturelle, est la trajectoire de rupture des autorités de transition maliennes », expliquait l’Elysée à la veille de cette décision.

S’il fallait dater dans le temps cette rupture, le moment où tout s’est enrayé, nul doute que le 24 mai 2021 et les jours qui suivirent furent déterminants. A Bamako, le colonel Assimi Goïta, chef de la junte qui a renversé Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020, veut alors empêcher un remaniement gouvernemental et fait arrêter le président de la transition et le premier ministre qu’il avait fait nommer neuf mois plus tôt. Aussitôt Emmanuel Macron dénonce « un coup d’Etat dans le coup d’Etat inacceptable, qui appelle notre condamnation immédiate ».

Puis, la même semaine, lors d’un voyage officiel au Rwanda, le président français prévient dans un entretien au Journal du dimanche que les soldats français quitteront le Mali si les autorités de Bamako en viennent à négocier avec les chefs djihadistes et que la France « ne resterait pas aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique ni de transition ».

A ses côtés, Jean-Yves Le Drian, le chef de la diplomatie, lâche en petit comité son sentiment à l’endroit des cinq officiers à la tête de la junte : « Mais quels cons ! » Comme beaucoup à Paris, le ministre le plus impliqué sur le dossier malien depuis janvier 2013 et le déclenchement de l’opération « Serval » – il occupait alors le portefeuille de la défense – regardait jusque-là ces derniers avec l’espoir qu’ils remobilisent leur armée.

Dans la foulée, la France annonce la suspension temporaire de ses opérations conjointes avec les soldats maliens dans l’attente de « garanties » politiques sur le chemin pris par la transition. La décision est vécue à Bamako comme les prémices d’un lâchage. Est-ce à cet instant qu’est née ou s’est raffermie l’idée de se tourner vers la Russie et de faire appel aux mercenaires du groupe Wagner, qui seraient désormais près d’un millier à opérer sur le terrain aux côtés des Forces armées maliennes ?

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