S’il est un homme dont le regard se tourne souvent vers le ciel, c’est bien le ministre de la défense de la démocratique Taïwan, Chiu Kuo-cheng : chaque jour ou presque, exerçant une pression militaire toujours plus forte, la Chine envoie des bombardiers et des avions espions traverser la « zone d’identification et de défense » de l’île que Pékin revendique comme sienne. De quoi tester les équipements dernier cri de son Armée populaire de libération et mettre en alerte les défenses antimissiles de Taipei sans déclencher une guerre ouverte – ce que provoquerait une incursion dans son espace aérien proprement dit.
Le 5 février, cette routine martiale a connu une subtile innovation : comme l’a confirmé officiellement, mardi 15 février, Shih Shun-wen, le porte-parole du ministère taïwanais, un petit biréacteur civil chinois, un Harbin Y-12, a été repéré près de Dongyin, dans l’archipel des Matsu, au nord-ouest de l’île. Il n’est pas entré dans l’espace national, mais cela a suffi pour inquiéter Taïwan. Car, de l’avis des experts, un tel vol est exactement le type d’incident mineur qui pourrait entraîner une escalade, préparant une annexion de Taïwan par la force.
Enchaînement de missions
« Nous ne pouvons pas exclure qu’ils utilisent un appareil civil pour tester les réponses de notre armée », a indiqué le porte-parole. Des rumeurs avaient fait état d’une deuxième incursion chinoise dans le ciel d’un autre archipel taïwanais, celui des Pratas, au sud-ouest, ce que le ministère a réfuté.
En 2021, la Chine avait envoyé un nombre record d’avions militaires dans la zone d’identification de Taïwan : 961 tout au long de l’année, contre 380 appareils déployés sur quelques mois seulement en 2020. La pression avait culminé entre le 1er octobre 2021, jour de fête nationale en Chine, et le 4 octobre, avec 149 appareils dans le ciel.
En ce début d’année 2022, les aviateurs chinois continuent d’enchaîner les missions, tandis que les forces américaines s’entraînent avec leurs alliés dans la région. Le 23 janvier, une nouvelle armada a mobilisé la défense aérienne taïwanaise : deux avions de transport Y-9, 34 chasseurs J-10 et J-16, et un bombardier stratégique à long rayon d’action H6. Le jour suivant a été repéré, pour la première fois, un J-16D, l’avion multirôle tout neuf, équipé de matériel de guerre électronique capable de neutraliser les radars et les systèmes de communication de l’armée adverse.
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