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Les « deux » procès de l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray

Un tableau représentant le père Hamel, réalisé par un artiste musulman, dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), le 10 février 2022. SAMEER AL-DOUMY / AFP

A quelques mètres de la salle des pas perdus aménagée pour accueillir le procès des attentats du 13-Novembre, doit se tenir, devant la cour d’assises spécialement composée, à partir du lundi 14 février, celui d’un autre attentat emblématique de la vague d’attaques djihadistes qui a ensanglanté la France entre 2015 et 2017. Il s’agit du procès de l’assassinat du père Hamel, dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), le 26 juillet 2016, par deux apprentis djihadistes, Adel Kermiche et Abdel-Malik Petitjean, tous deux âgés de 19 ans, tués sur le champ par les forces de sécurité.

Intervenu douze jours après le carnage de la Promenade des Anglais (86 morts et plus de 450 blessés) à Nice, cet attentat a horrifié bien au-delà des frontières de la France. Pour la première fois, un prêtre catholique était égorgé dans son lieu de culte, au pied de l’autel et de la croix, en une mise en scène aussi barbare que rudimentaire. François Hollande, alors président de la République, se rend sur place le jour même et déclare : « Attaquer une église, tuer un prêtre, c’est profaner la République qui garantit la liberté de conscience. »

L’organisation Etat islamique (EI) cherchait depuis un moment à attaquer des églises, afin de mettre en œuvre sa stratégie de guerre de religions en Occident. Dès avril 2015, Sid-Ahmed Ghlam, qui a assassiné Aurélie Châtelain, avait échoué dans son projet d’attentat contre une église de Villejuif (Val-de-Marne). Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Le choix d’une cible catholique, destiné à déclencher des représailles visant les musulmans de France afin de les pousser dans les bras de l’EI, s’est répété avec l’attentat avorté aux bombonnes de gaz près de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 4 septembre 2016, et l’attentat au couteau ayant causé trois morts dans la basilique de Nice, le 29 octobre 2020.

Si le scénario désiré par l’EI d’une guerre de religions ne s’est heureusement pas produit, notamment grâce à la mobilisation des chrétiens et musulmans de la région rouennaise à l’occasion des obsèques du père Hamel, la tenue du procès, en pleine campagne présidentielle électrisée par l’émergence de la candidature et des idées d’Eric Zemmour, risque de raviver les discours extrémistes.

Un projet terroriste formé rapidement

De fait, il y aura deux procès de l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray. Le premier est celui de l’attaque en tant que telle, dont les principaux protagonistes sont morts, à l’exception de Guy Coponet, grièvement blessé à coups de couteau, et de quatre femmes ayant été témoins. Ce procès-là sera l’occasion de revenir sur la chronologie des faits, et notamment la radicalisation expresse de Kermiche et Petitjean, ainsi que la formation encore plus rapide de leur projet terroriste.

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