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« En cas de conflit entre la Russie et l’Ukraine, plus les sanctions seront dures, plus délicat sera leur maniement »

Chronique. Les Américains et les Européens sont-ils prêts à mourir pour l’Ukraine ? La question ne s’est jamais posée à Washington, à Paris ou à Bruxelles, siège de l’OTAN, alors que la Russie a massé 130 000 hommes et une armada de chars et de missiles aux frontières de son voisin. Seules des représailles économiques sont à l’ordre du jour, si d’aventure les troupes de Vladimir Poutine envahissaient les provinces russophones de Donetsk et de Lougansk, voire poussaient jusqu’à Kiev. Mais quelles sanctions, avec quels dommages pour Moscou et quels bénéfices pour les Occidentaux ?

Définir, décider, appliquer : à chaque étape du processus, des hypothèques doivent être levées. On se demande d’abord si les actions seront à la hauteur des menaces proférées par les dirigeants américains et européens. A défaut d’être martial, le discours est menaçant. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a prévenu qu’une escalade militaire aurait « des conséquences massives ». Le président américain, Joe Biden, use du même registre, l’alarmisme en plus.

L’arsenal discuté, sinon décidé, est sans précédent : priver les institutions financières de capitaux étrangers et, comme l’Iran en 2018, les exclure de Swift, le service de messagerie qui permet des transactions rapides et sécurisées entre plus de 200 pays ; interdire toute exportation de composants nécessaires aux industries de haute technologie (intelligence artificielle, ordinateurs quantiques, lasers…) ; cibler les oligarques à la tête de secteurs stratégiques et proches de M. Poutine ; bloquer l’ouverture de Nord Stream 2, qui doit acheminer du gaz russe vers l’Europe.

Rien n’est exclu, répète-t-on à Washington et à Bruxelles, où l’on garde les détails du plan secrets pour ménager l’effet de surprise. Le consensus sera-t-il au rendez-vous quand les dirigeants européens, réunis d’urgence en cas d’aventure militaire du maître du Kremlin, devront approuver à l’unanimité des sanctions douloureuses pour de nombreux pays membres de l’Union, en coordination avec M. Biden ? Cette contre-attaque serait sans commune mesure avec les smart sanctions imposées à la Russie après l’annexion de la Crimée en 2014.

Liens économiques forts

Elles n’ont pas empêché les cyberattaques massives, l’assassinat d’opposants, la violation des droits humains et les menaces sur le Donbass. Leur effet sur la croissance a été limité : − 0,2 % du produit intérieur brut (PIB) par an entre 2014 et 2018, selon le Fonds monétaire international, alors que la chute des cours de l’or noir en a fait perdre 0,6 % chaque année. Les colossaux projets gaziers menés dans l’Arctique par Novatek et TotalEnergies ont été financés sans recours au dollar. Un récent rapport du Congrès américain note même que « les exportations russes de pétrole vers les Etats-Unis ont augmenté », malgré les restrictions sur certaines technologies imposées par Washington.

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