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La Libye face au risque d’un nouveau schisme entre « autorités parallèles »

Le Parlement libyen en session dans la ville de Tobrouk, dans l’est du pays, le 10 février 2022. LYBIAN HOUSE OF REPRESENTATIVES / AFP

Une fois encore, la Libye bascule dans l’imbroglio institutionnel et la fragmentation de ses pôles de pouvoir. Un an après la formation d’un « gouvernement d’union nationale » (GUN), heureuse surprise ayant nourri l’espoir d’une réunification d’un pays déchiré depuis 2014 par la rivalité entre la Tripolitaine (ouest de la Libye) et la Cyrénaïque (est), le risque d’une duplication des autorités guette à nouveau.

Jeudi 10 février, le Parlement siégeant à Tobrouk (est) a nommé au poste de premier ministre Fathi Bashagha en remplacement du chef du GUN en titre, Abdel Hamid Dbeibah, investi en mars 2021 et qui refuse son éviction. « Je n’accepterai aucune nouvelle phase de transition ou autorité parallèle », a averti M. Dbeibah, mardi 8 février, dans un discours télévisé. Il a précisé que son gouvernement intérimaire ne remettrait le pouvoir qu’à « un gouvernement élu ».

Ce télescopage entre deux autorités jette une ombre sur la stabilité libyenne alors que le pays pansait les plaies ouvertes par la « bataille de Tripoli » (avril 2019-juin 2020). Le conflit avait vu s’affronter autour de la capitale les forces assaillantes du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est, et une coalition de groupes armés de l’Ouest libyen défendant le gouvernement de Tripoli reconnu par la communauté internationale. Les combats avaient approfondi la partition du pays dix ans après la chute du régime de la Jamahariya (Etat des masses) de l’ex-« Guide » Mouammar Kadhafi, tué à Syrte par les insurgés de 2011. Un cessez-le-feu signé en octobre 2020 avait néanmoins ouvert la voie au printemps 2021 à un gouvernement de réconciliation dirigé par M. Dbeibah, un sulfureux homme d’affaires de Misrata ayant rassemblé autour de lui des figures de l’Ouest comme de l’Est.

Une alliance apparemment contre-nature

Est-ce désormais le retour à la case départ ? L’actuelle collision entre MM. Dbeibah et Bashagha est le produit de l’avortement du processus électoral qu’avaient tenté de promouvoir les Nations unies dans l’espoir de remettre à plat le paysage politique libyen. L’élection présidentielle censée se tenir le 24 décembre a dû être reportée sine die faute de consensus minimal entre factions libyennes. Le rendez-vous manqué a de facto fragilisé l’assise du GUN de Dbeibah dont la mission était précisément d’organiser une double consultation, présidentielle et législative. En outre, M. Dbeibah s’était aliéné des soutiens à l’Est en se présentant au scrutin présidentiel – auquel le maréchal Haftar concourrait également – alors que sa fonction de premier ministre lui interdisait en principe toute candidature.

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