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Stellantis: accord signé à Douvrin avec les syndicats

Stellantis et trois syndicats sur cinq ont trouvé mercredi un accord visant à encourager le transfert des salariés du site de moteurs thermiques de Douvrin (Pas-de-Calais) vers une nouvelle usine de batteries électriques, une des premières illustrations de la profonde mutation à l’oeuvre dans le secteur. La CFTC, Force ouvrière et la CFE-CGC, respectivement 2e, 3e et 4e syndicats du site, majoritaires à eux trois, ont signé le projet de Rupture conventionnelle collective (RCC) destiné à accompagner la mutation de l’usine fondée en 1969, a dit à Reuters le constructeur automobile né de la fusion entre PSA et FCA. Les deux autres syndicats – la CGT, première organisation du site, et la CFDT, 5e – n’ont en revanche pas paraphé l’accord couvrant les années 2022 à 2024 car à leurs yeux, les engagements sur 400 reclassements au sein de la gigafactory de batteries en construction à deux pas de l’usine de moteurs restent insuffisants, ont ajouté deux autres sources. « Il était nécessaire de créer des passerelles entre les deux sites car la transition énergétique et l’électrification de masse, qu’on le veuille ou non, vont s’imposer à nous », a déclaré à Reuters Frédéric Lemayitch, représentant CFTC. Stellantis n’est pas parvenu cette fois à rallier autant de syndicats que lors de ses accords précédents, mais le groupe a salué un « bel exemple de dialogue social responsable pour accompagner les salariés dans un contexte de transformation ».

Le futur de l’usine de Douvrin, créée il y a plus de cinquante ans pour prendre le relais de l’industrie minière, est en suspens depuis que se profile l’interdiction des ventes de véhicules neufs à moteur thermique en Europe à l’horizon 2035. Le site a produit l’an dernier 570.000 moteurs essence et diesel avec un effectif d’environ un millier de personnes. En prévision de la bascule du thermique vers l’électrique, il perdra à partir de mai 2023 la production de moteurs diesel, concentrée à Trémery (Moselle), puis fin 2024 celle de moteurs essence 4 cylindres, délocalisée en Hongrie. L’usine nordiste conservera en revanche la fabrication de petits moteurs essence 3 cylindres le temps de la mutation, a indiqué à Reuters un porte-parole de Stellantis. En face, le projet d’ACC, une co-entreprise entre Stellantis, TotalEnergies et Mercedes-Benz, prévoit une capacité de 24 GWh de batteries à l’horizon 2028-2030 pour équiper des voitures électriques, et la création de 1.400 à 2.000 emplois directs à l’horizon 2030.

400 reclassements d’ici début 2025

L’objectif du projet d’accord est d’encourager de différentes manières les reclassements d’un site vers l’autre sur la base du volontariat. La direction promet ainsi une embauche directe sans période d’essai, une formation, un maintien du salaire et un système de compensation de l’ancienneté perdue lors du départ de Stellantis. « Nous aurions voulu un engagement sur la possibilité de transférer l’ensemble du personnel, et pas seulement 400 personnes. Par expérience, si ce n’est pas écrit, ça ne compte pas », a indiqué Joël Petit, représentant de la CFDT. Fabrice Jamart, de la CGT, craint même que moins de 400 personnes de Douvrin puissent bénéficier de l’accord si des salariés d’autres sites postulent chez ACC. « On risque d’avoir plusieurs centaines de familles frappées par le chômage », a-t-il estimé. Stellantis assure de son côté que le fabricant de batteries est en mesure d’offrir à terme un emploi à tous les salariés de Douvrin qui le souhaiteront. Les employés les plus âgés pourront quant à eux postuler au congé senior conclu à l’échelle du groupe en France.

Le nord du pays est parti pour devenir un grand hub de batteries puisque Verkor va installer une gigafactory à Dunkerque, dont la capacité de production doit aller de 16 GWh en 2025 à 50 GWh en 2030, et Envision AESC, filiale japonaise du groupe chinois Envision, implantera à Douai une gigafactory de 9 GWh en 2024 et 24 GWh d’ici 2030. Ces deux projets doivent permettre la création de près de 4.500 emplois directs d’ici 2030. La Plateforme de la filière automobile (PFA) craint toutefois que ces nouveaux débouchés ne suffisent pas à compenser totalement les 100.000 emplois à risque dans l’automobile d’ici 2030, surtout chez les sous-traitants. Si les batteries, l’électronique de puissance et les logiciels constituent des relais de croissance prometteurs, le fait que le nombre de pièces nécessaires pour fabriquer un moteur électrique soit divisé par au moins quatre par rapport à une motorisation thermique constitue un facteur structurel de baisse des effectifs.

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L’Europe va connaître au cours des prochaines années une déferlante de projets de gigafatory de batteries pour répondre à l’accélération de l’électrification des véhicules et réduire la dépendance du continent à l’Asie. A lui seul, Volkswagen envisage de construire six usines de 40GWh chacune.

(Avec Reuters)

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