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Procès du 13-Novembre : “Je n’ai tué personne, je n’ai blessé personne”, se défend Salah Abdeslam

Au premier jour de son interrogatoire sur le fond du dossier, le principal accusé au procès des attentats du 13-Novembre, Salah Abdeslam, tout en indiquant n’avoir tué ni blessé personne, a de nouveau justifié son appartenance et son allégeance au groupe État islamique. Il a même sous-entendu avoir renoncé à « enclencher » sa ceinture explosive.

« Je n’ai tué personne, je n’ai blessé personne. Même une égratignure, je ne l’ai pas faite », a affirmé mercredi le principal accusé au procès des attentats du 13-Novembre, Salah Abdeslam, au premier jour de son interrogatoire sur le fond du dossier, pour la première fois depuis l’ouverture du procès début septembre.

« Depuis le début de cette affaire, on n’a cessé de me calomnier », a estimé le seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis (banlieue parisienne).

Dès le début de son interrogatoire, Salah Abdeslam a de nouveau justifié son appartenance au groupe État islamique (EI). « Moi, je suis pour l’État islamique, je vois comment Bachar El-Assad traite son peuple, tue des enfants, des innocents. Moi, l’État islamique, je les soutiens, je les aime », a-t-il déclaré, chemise blanche, les mains croisées devant lui.

« On se dit ‘J’aurais dû l’enclencher ce truc’ « 

Salah Abdeslam a également tancé les peines « extrêmement sévères » prononcées dans les affaires de terrorisme, non sans laisser entendre qu’il avait renoncé à « enclencher » sa ceinture explosive.

« Les personnes qui n’ont tué personne, on ne peut pas les condamner comme si on avait les têtes de l’État islamique, ce n’est pas possible », a-t-il déclaré, « en vérité, on se dit ‘J’aurais dû l’enclencher ce truc’ […], on se dit ‘Est-ce que j’ai bien fait de faire marche arrière ou j’aurais dû aller jusqu’au bout ?’ « .

Quelques heures plus tard, une avocate des parties civiles le questionne sur ce « repentir actif ».

« Je ne suis pas le seul [parmi les accusés] à parler de marche arrière, on a entendu dire plusieurs personnes dire ‘Moi je ne suis pas capable, je me suis ravisé’ « , a-t-il répondu.

 « (…) Moi j’ai fréquenté des cafés branchés comme ça. Je mettais une chemise, je me parfumais, alors aller le lendemain dans le même café… », a-t-il continué.

Parlant de manière générale de candidats aux opérations suicides, Salah Abdeslam a ajouté : « Il va forcément y avoir un moment où on se dit ‘Est-ce que je le fais ou pas’, il va pas s’éclater direct ».

Un mystérieux voyage en Grèce

L’accusé a également explicité pourquoi il ne s’était pas rendu en Syrie : « À cause des attaches que j’avais en Belgique : c’est-à-dire mes parents, ma fiancée. J’étais dans une impasse », a-t-il dit. Même si, en même temps, il a rappelé qu’il avait ses « frères en Syrie ».

Son interrogatoire, dans une salle d’audience bondée, est prévu pour durer deux jours. Il ne sera questionné que sur la période antérieure à septembre 2015.

La mère, la sœur et l’ex-petite amie de Salah Abdeslam qui devaient témoigner mercredi « ne viendront pas », a indiqué le président de la cour d’assises spéciale de Paris, Jean-Louis Périès.

Pour ce premier interrogatoire, la cour va s’intéresser au basculement dans la radicalité du Français de 32 ans, lui qui avait une réputation de « fêtard », adepte des casinos et des boîtes de nuit.

Salah Abdeslam doit aussi être interrogé sur le séjour en Syrie de son frère Brahim – futur tueur des terrasses parisiennes – début 2015, et sur son ami Abdelhamid Abaaoud, qui deviendra le coordinateur des attentats parisiens. Un « chouette gars » avec qui il avait perdu contact, avait-il assuré aux policiers belges en février 2015.

La cour doit enfin tenter de faire la lumière sur un mystérieux voyage qu’il a lui-même fait en Grèce l’été suivant, avec l’un de ses coaccusés.

Depuis mi-janvier et le début des interrogatoires des 14 accusés présents devant la cour, deux d’entre eux ont exercé leur droit au silence.

Le Suédois Osama Krayem d’abord, pour qui « ce procès est une illusion » et qui refuse d’assister aux audiences, puis le Belgo-marocain Mohamed Bakkali. « Ma parole est toujours suspecte, elle n’a pas de valeur », a-t-il expliqué, résigné, à la cour.

Un « soldat » de l’EI

Salah Abdeslam avait gardé le silence pendant l’enquête, de manière quasi constante. Il avait parlé une fois pour dédouaner un coaccusé, une autre pour se lancer dans une tirade religieuse.

Mais depuis le début du procès, il a largement fait connaître sa position : le premier jour, en se présentant comme un « soldat » de l’État islamique, puis plus tard, en déclarant que « le 13-Novembre était inévitable », à cause des interventions françaises en Syrie. Avant d’en appeler au « dialogue » pour éviter d’autres attaques, sous le regard atterré des parties civiles.

Début novembre, pendant son interrogatoire dit « de personnalité », il avait accepté de répondre à la plupart de questions, et décrit sa vie « simple » d’avant, sans pour autant s’épancher.

Une expertise psychiatrique réalisée peu après – et sur laquelle la cour reviendra ultérieurement – a estimé qu’il convenait « d’éliminer formellement toute maladie mentale » chez Salah Abdeslam.

S’il « n’a exprimé aucun regret » et récite « comme un perroquet » les mêmes arguments que tous les « sujets radicalisés », sa « personnalité antérieure ne semble pas avoir été totalement enfouie », ont jugé les experts.

Parfois virulent au début, Salah Abdeslam a ensuite « joué le jeu » du procès, s’accordent à dire les parties civiles. Avec pour exception une absence du box pendant plusieurs semaines – avec certains de ses coaccusés – pour protester contre l’absence physique à la barre des enquêteurs belges.

À l’audience, autant son « pote » Mohamed Abrini (« l’homme au chapeau des attentats de Bruxelles ») est expressif dans le box, autant Salah Abdeslam ne laisse rien transparaître quand on parle de lui.

Tout juste avait-il baissé la tête quand la femme d’un de ses coaccusés avait fondu en larmes pendant son audition. « Cette personne-là [Salah Abdeslam], elle m’a aussi volé une partie de ma vie », avait craqué la femme de Mohammed Amri, l’ami qui a pris sa voiture la nuit des attentats pour ramener le « dernier homme » du commando à Bruxelles.

Avec AFP

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