Le chiffre est pire que les attentes : l’inflation a atteint, en janvier, 7,5 % sur un an aux Etats-Unis, selon les données publiées, jeudi 10 février, par le ministère du travail. La nouvelle a immédiatement fait bondir le rendement des emprunts d’Etat à dix ans, qui a franchi les 2 %, son plus haut niveau depuis la mi-2019, bien avant la pandémie – les opérateurs exigent une rémunération supérieure pour prêter leurs capitaux. Les taux à long terme ont quadruplé depuis le plus bas de l’été 2020.
Cette hausse, la pire depuis février 1982 lorsque Paul Volker, le président de Réserve fédérale américaine (Fed), tentait de juguler l’inflation après les deux chocs pétroliers des années 1970, marque une forte dégradation par rapport aux attentes (7,2 %) et au niveau de décembre (7 %). Certains détails sont spectaculaires. L’inflation annuelle, hors énergie et alimentation, atteint 6 %. La hausse des prix de l’énergie est de 27 %, celle de l’alimentation de 7 %. L’inflation s’élève à 12,2 % pour les véhicules neufs en pleine pénurie de semi-conducteurs, 4,4 % pour le logement. Cette dernière donnée montre que l’inflation se propage à toute l’économie.
Les services bientôt concernés
« La dégradation du chiffre du logement, qui représente un tiers de l’indice, est ennuyeuse : elle veut dire qu’un déclin rapide de l’inflation est moins envisageable qu’avant », déplore Ramon de Oliveira, ancien président d’Equitable et AllianceBernstein. La hausse des prix s’applique avant tout aux biens, concernés par les goulets d’étranglement (fret, matières premières, semi-conducteurs, énergie) et objets d’une demande exceptionnelle des consommateurs, mais elle devrait se diffuser dans les services avec la fin de l’impact du variant Omicron. « L’inflation que nous avons constatée au cours des deux dernières années a principalement concerné les biens durables. Mais celle des services commence à reprendre », s’inquiète aussi Jason Furman, économiste à Harvard et ancien conseiller de Barack Obama.
Dans un communiqué, le président Joe Biden s’est réjoui de la hausse des salaires horaires réels qui ont augmenté de 0,1 point : « Heureusement, nous avons constaté une croissance positive des salaires réels le mois dernier [en janvier] ». Cette évolution est à double tranchant. Elle semble mettre fin au laminage des salaires par l’inflation – les salaires horaires réels sont en recul de 1,7 % sur un an, ce qui est mieux que la baisse de 2 % constatée en décembre. Selon les données de la Fed d’Atlanta, depuis le début de la pandémie, seuls les salaires réels des 25 % d’Américains les moins bien payés ont augmenté, ceux des autres ayant été réduits par l’inflation. Mais la bascule dont se réjouit M. Biden comporte un risque, celui d’une spirale inflation salaire.
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