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Vera Jourova : « Les campagnes russes de désinformation sont pensées pour cibler les points faibles dans chaque société »

Vera Jourova, vice-présidente de la Commission européenne chargée des valeurs et de la transparence, à Bruxelles, le 1er février 2022. JOHN THYS / AFP

Vera Jourova, vice-présidente tchèque de la Commission européenne, dirige les travaux menés par l’institution concernant la lutte contre les ingérences extérieures, la protection de la liberté des médias et la défense de l’Etat de droit.

Quels sont les moyens dont dispose l’Union européenne pour contrer les attaques hybrides (cyberattaques, campagnes de désinformation…) menées par la Russie dans la crise actuelle avec l’Ukraine ?

Le Kremlin utilise ces attaques permanentes depuis longtemps. La première chose que nous devons donc faire est de cesser d’être naïfs et de les sous-estimer. Les campagnes de désinformation sont pensées pour cibler les points faibles dans chaque société. Parfois, il s’agit de réinterpréter l’histoire, ailleurs, de convaincre les gens que la vie sous le régime soviétique était plus juste, plus sûre. Ce récit inonde les réseaux sociaux de beaucoup de pays, dont le mien, la République tchèque.

Dans le contexte de l’escalade des tensions avec l’Ukraine, les messages insistent sur le fait que l’Ukraine et l’OTAN) sont les agresseurs, que Kiev mène un génocide des populations russophones dans la région du Donbass… On a repéré 2 700 exemples de ce type en 2021. Cela montre un plan coordonné. Il est difficile de connaître l’impact de cette désinformation sur les opinions publiques, mais, en Slovaquie par exemple, un récent sondage montre que 44 % des habitants pensent qu’effectivement, l’OTAN est à l’origine de la crise entre la Russie et l’Ukraine. Confrontés à un tel lavage de cerveaux, imaginez les difficultés des gouvernements démocratiques pour convaincre leurs citoyens s’ils devaient agir dans cette crise…

En Europe, nous voulons quasiment à tout prix préserver la liberté d’expression. Interdire des contenus ou des médias est une solution de dernier recours. Il faut donc que la propagation de fausses informations devienne plus coûteuse et moins aisée. C’est pourquoi la Commission travaille actuellement à la rédaction d’un code de bonnes pratiques, incitant les entreprises qui achètent de la publicité sur les réseaux à adopter des règles visant à réduire la diffusion de ces messages. Nous voulons aussi que les plates-formes embauchent davantage de personnes, journalistes ou fact-checkers, pour une meilleure distinction entre les faits, les opinons et les fausses informations. On aimerait que ce code soit signé et entre en vigueur d’ici au mois de mars.

Pourquoi les pays de l’ouest de l’Europe apparaissent-ils plus disposés au dialogue avec le Kremlin que les pays de l’Est ?

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