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En Allemagne, la crise énergétique empoisonne les débuts de la coalition

L’inflation allemande n’est finalement pas retombée. Ou si peu. La hausse des prix au mois de janvier a atteint 4,9 %, contre 5,3 % au mois de décembre 2021. Les économistes tablaient sur un recul bien plus prononcé, en raison de l’effet mécanique lié à la baisse temporaire de la TVA entre juin et décembre 2020. Il ne fait désormais plus aucun doute que l’inflation, jusqu’ici qualifiée de « temporaire », est en train de se prolonger douloureusement.

Derrière son problème d’inflation, l’Allemagne a surtout un problème d’énergie. Ce sont les prix du gaz, du pétrole et de l’électricité qui aiguillonnent actuellement la hausse drastique des prix. La question énergétique, longtemps sous-estimée, est en train d’empoisonner peu à peu tous les dossiers prioritaires du cabinet d’Olaf Scholz. Elle concentre toutes les fragilités de l’alliance « feu tricolore » (sociaux-démocrates du SPD, Verts et libéraux du FDP), qui a pris la tête de l’exécutif allemand le 8 décembre 2021.

Dépendance au gaz russe

L’énergie est évidemment au cœur de la crise ukrainienne. Celle-ci révèle à la fois l’extrême dépendance de l’Allemagne au gaz russe, l’inconfort de l’opinion face à toute intervention extérieure armée et le tropisme moscovite de certains dirigeants du SPD, qui brouille le message de Berlin et exaspère ses partenaires. L’inflation énergétique a aussi une conséquence sociale : elle pourrait réduire, avant même son entrée en vigueur, l’effet de l’augmentation du salaire minimum à 12 euros prévue à l’automne, une promesse centrale du SPD.

La crise menace enfin l’autre grande ambition du gouvernement, orchestrée par l’écologiste Robert Habeck, chef du superministère de l’économie et du climat : décarboner rapidement l’économie allemande, sans mettre en péril la prospérité du pays. M. Habeck veut tripler le rythme de baisse des émissions. D’ici à 2030, 80 % de l’électricité consommée en Allemagne devra être d’origine renouvelable. Tout cela en sortant du charbon, sans recours au nucléaire, et alors que les besoins vont fortement augmenter en raison de l’électrification des usages, notamment dans l’industrie et le chauffage.

Dans ce cadre, la hausse des prix des énergies fossiles était paradoxalement un objectif politique assumé : la taxe carbone, en vigueur depuis un an, est censée rendre plus attractives les alternatives moins polluantes. Le problème est que le choc énergétique actuel survient trop tôt et trop brutalement. Il complique l’adaptation en affectant précisément la fiabilité de la seule énergie pilotable de réserve et de transition encore acceptée par les écologistes : le gaz.

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