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Guinée : pourtant interdite par la loi, l’excision reste fortement ancrée dans les mœurs

Publié le : 06/02/2022 – 15:26

En Guinée, la pratique de l’excision est interdite par la loi depuis plus de 20 ans et passible d’une peine allant jusqu’à cinq ans de prison. Mais elle reste très ancrée dans les traditions, si bien qu’aujourd’hui encore, près de 97 % des femmes ont subi cette mutilation génitale. À l’occasion de la Journée internationale contre les mutilations génitales féminines, célébrée dimanche, France 24 donne la parole à des ONG et des exciseuses repenties qui se mobilisent pour faire changer les mentalités.

C’est l’un des pays où l’excision est la plus pratiquée au monde. En Guinée, près de 97 % des femmes ont subi cette mutilation génitale, selon les Nations unies. Si une loi datant de 2000 en interdit la pratique, celle-ci reste fortement ancrée dans les traditions et peine à reculer.

Mabinti Bangoura vit à Coyah, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, Conakry. Cette mère de deux enfants a été excisée adolescente et vit encore les séquelles de cette mutilation génitale. « Lors de ma première grossesse, ça a été compliqué… Le médecin m’a dit que c’était dû à l’excision », raconte-t-elle à France 24, confiant en vouloir à ses parents. « Ce que je conseille aux autres femmes ? Ne jamais exciser leurs enfants. »

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« Nous avons pitié de ces filles, mais c’était la coutume »

Le Club des jeunes filles leaders de Guinée, une ONG de défense des droits des femmes, tente de changer les mentalités, mais le porte-à-porte n’est pas toujours simple. « Certaines familles ne nous acceptent pas du tout. Ils ne veulent rien entendre, surtout ceux qui sont religieux », explique la présidente de l’association, Marie-Jacques Touré. « Il y en a même qui nous chassent quand on commence à leur parler d’excision. »

La sensibilisation passe aussi par d’anciennes exciseuses aujourd’hui repenties. Parmi elles, Hadja Camara a pratiqué les excisions en toute impunité pendant plus de 30 ans. « Aujourd’hui, nous regrettons. Nous avons pitié de ces filles que nous avons excisées, mais c’était la coutume », confesse-t-elle au micro de France 24. « Imaginez la douleur lorsque vous prenez une lame pour couper la chair d’un être humain sans anesthésie… C’est vraiment terrible ! »

En Guinée, la loi punit la pratique de l’excision jusqu’à cinq ans de prison, mais cette peine n’est que très rarement appliquée.

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