L’« alerte environnementale » a été décrétée pour Bogota, menacée par la fumée de feux de forêts actifs depuis quelques jours en Amazonie colombienne et de la taille d’une ville comme Paris, ont annoncé samedi 5 février les autorités locales.
Le vent a poussé la fumée d’incendies attribués à des groupes armés, à quelque 350 kilomètres au nord-ouest, jusqu’à la capitale colombienne.
« La ville entre en alerte environnementale », a tweeté la maire Claudia Lopez, selon qui plus de la moitié des stations de surveillance de la qualité de l’air relèvent de façon continue depuis quarante-huit heures des niveaux élevés de pollution. L’édile a demandé aux 8 millions d’habitants de la capitale de s’abstenir de toute activité physique à l’air libre ces prochains jours.
Le gouvernement estime que ces feux ont été déclenchés par « les mains criminelles » de rebelles qui ont décidé de ne plus respecter l’historique accord de paix de 2016 ayant mené au désarmement de la guérilla marxiste des FARC. Les dissidents, comme on les appelle, comptent « s’accaparer des terres (…) pour développer des activités illégales d’élevage extensif de bétail », a dénoncé le ministre de la défense Diego Molano, qui a publié une liste de 17 incendiaires présumés.
« 10 000 hectares » consumés
L’« alerte rouge » a été décrétée dans le département de Guaviare (sud-est), dont le gouverneur, Heydeer Palacio, a parlé de « 10 000 hectares » consumés par les incendies, soit une surface équivalente à celle de la capitale française (10 500 hectares). Le parc national de la Serrania del Chiribiquete, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, est également touché.
Selon des témoignages recueillis par l’Agence France-Presse en octobre dans cette région, paysans et propriétaires terriens profitent de la saison sèche, de janvier à avril, pour brûler les arbres coupés, planter à la place des plants de coca ou y laisser paître le bétail.
Selon les données du gouvernement colombien, la déforestation a explosé ces dernières années dans la partie amazonienne du pays, conséquence notamment de l’accord de paix avec les FARC qui a alors abandonné de vastes pans de territoires sous son contrôle. D’autres groupes armés s’en sont depuis lors emparés, profitant également de l’absence et de l’inaction de l’Etat dans ces zones isolées.
Janvier 2022 a été le mois le plus chaud pour l’Amazonie colombienne au cours de la dernière décennie, avec plus de 3 300 « points chauds » dans les six départements qui la composent, selon un rapport du ministère de l’environnement.
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