France World

La Turquie et l’Arménie tentent de normaliser leurs relations

Contrôle de passeports avant le départ d’un avion de la compagnie Pegasus à l’aéroport de Sabiha-Gökçen, à Istanbul, en direction de l’aéroport Zvartnots, à Erevan, le 2 février 2022. Les vols commerciaux on repris entre la Turquie et l’Arménie le 2 février. YASIN AKGUL / AFP

Après des décennies d’animosité, la Turquie et l’Arménie tentent de normaliser leurs relations. L’initiative a déjà produit des résultats : rencontres entre diplomates, levée de l’embargo arménien sur les produits turcs et, enfin, reprise des vols commerciaux entre Istanbul et Erevan, interrompus depuis deux ans.

Jeudi 2 février, un avion de la compagnie à bas coût FlyOne, en provenance de la capitale arménienne, a atterri à l’aéroport international d’Istanbul avec soixante-quatre passagers à son bord. Un peu plus tard, un avion de la compagnie turque privée Pegasus décollait en direction d’Erevan de l’aéroport Sabiha-Gökçen.

Dorénavant, les deux compagnies assureront trois liaisons hebdomadaires chacune, facilitant les déplacements des Arméniens de Turquie (60 000 personnes, dont 1 400 sont titulaires du double passeport, turc et arménien) et des travailleurs arméniens d’Arménie installés à Istanbul dans l’espoir d’améliorer leur ordinaire (environ 100 000 personnes). « Jusqu’ici, on devait transiter par la Géorgie, c’était long, cher et fatiguant. Ça fait dix-huit mois que je n’ai pas vu les miens. Avec la reprise des vols, je peux envisager de rentrer pour quelques jours », explique Achot, un Arménien d’Erevan qui travaille dans la confection.

L’échec de la normalisation, « une anomalie »

En janvier 2022, la Turquie et l’Arménie ont entamé, à Moscou, des pourparlers décrits comme « constructifs », laissant envisager, à défaut d’une réconciliation, l’établissement de relations de bon voisinage. La normalisation se fait à petits pas et sans « préconditions », c’est-à-dire que le sujet qui fâche, le génocide des Arméniens de l’Empire ottoman en 1915, ne figure pas à l’agenda des discussions.

En revanche, il est question d’établir des relations diplomatiques et de rouvrir la frontière terrestre commune, fermée depuis près de trente ans. En 2009 déjà, Ankara et Erevan avaient fait un pas vers la normalisation. Censés aboutir à l’ouverture de la frontière, les accords conclus n’avaient finalement jamais été ratifiés.

Si, cette fois-ci, les parties parviennent à s’entendre pour rétablir les voies de communications tombées en déshérence à la suite du premier conflit du Haut-Karabakh dans les années 1990, les populations de la région – un cul-de-sac dominé par la pauvreté et hanté par les griefs ethniques – pourraient en profiter.

Selon le chercheur Thomas de Waal, du cercle de réflexion Carnegie Europe, l’échec de l’Arménie et de la Turquie à normaliser leurs relations est une « anomalie ». A cause de la fermeture des frontières, turque et azerbaïdjanaise, l’Arménie est contrainte d’utiliser des routes montagneuses, plus longues et plus coûteuses, via la Géorgie et l’Iran.

Il vous reste 45.94% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article La Turquie et l’Arménie tentent de normaliser leurs relations est apparu en premier sur zimo news.