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JO de Pékin 2022 : entrer dans la bulle olympique se mérite, y rester aussi

Il y a quelques mois encore, la Chine nourrissait l’espoir que les Jeux olympiques (JO) d’hiver prévus dans sa capitale, Pékin, du 2 au 20 février, puissent être les premiers « post-pandémie ». Avec le variant Delta, puis l’arrivée du très contagieux Omicron, l’affaire tenait cependant de la chimère. Dans le pays qui fut le foyer des premières contaminations, à la fin de 2019, et qui applique depuis une stratégie « zéro Covid-19 » drastique, on se doutait bien que la chose sanitaire n’allait pas être prise à la légère.

De fait, tous les participants aux Jeux (athlètes, encadrements, représentants des médias, etc.) ont dû montrer patte blanche avant de pouvoir entrer sur le territoire : un schéma vaccinal complet, sous peine d’effectuer une période d’isolement de vingt et un jours sur place dans un établissement spécial ; un suivi de l’état de santé quotidien à renseigner durant les quatorze jours précédant l’arrivée en Chine dans une application créée pour l’occasion ; deux tests PCR à effectuer dans les quatre-vingt-seize heures avant le départ ; et, enfin, deux QR codes – l’un sanitaire, l’autre douanier – à obtenir pour pouvoir prendre place dans l’un des rares avions spécialement affrétés pour ces Jeux.

Un agent de l’immigration chinois vérifie les passeports des voyageurs étrangers, à l’aéroport international de Pékin-Capitale, le 1er février. PAVEL GOLOVKIN / AP

Mais ce n’est pas tout… car avant de pouvoir embarquer en direction de l’aéroport international de Pékin-Capitale – le seul point d’entrée autorisé pour les voyageurs étrangers arrivant sur place pour la quinzaine de jours –, la température corporelle des passagers a de nouveau été contrôlée. Avec le risque de ne pas pouvoir monter à bord.

« Certains passagers ne voyageront pas avec nous aujourd’hui », a ainsi annoncé, dimanche 30 janvier, le commandant de bord, expliquant que le vol aurait, de fait, un peu de retard. Leurs bagages ont dû être débarqués. Pas de répit non plus une fois dans l’avion. En plus du masque chirurgical obligatoire, le personnel navigant était affublé d’une visière de protection et de gants en latex. Une hôtesse confiait que l’équipage n’avait pas le droit de débarquer sur le sol chinois et poursuivrait sa route jusqu’à Séoul (Corée du Sud).

Trois tests PCR en quatre jours

Alors que les quelque dix heures de vol – en distanciation physique – prenaient fin, la température des passagers a de nouveau été relevée. Puis, sur le tarmac, il a fallu attendre l’inspection de l’appareil par les autorités chinoises avant de pouvoir débarquer.

A peine la porte de l’avion franchie, là encore, la variable « Covid-19 » de ces Jeux d’hiver sautait aux yeux : les passagers ont été accueillis par du personnel en combinaison intégrale de protection blanche, surbottes bleues et gants en latex, visages couverts par un masque chirurgical et de larges lunettes de laboratoire.

D’emblée, les employés ont indiqué le chemin à suivre pour réaliser un nouveau test PCR – le troisième en quatre jours, donc. Mais cette fois-ci, double peine : oropharyngé et nasopharyngé ! L’organisation est cependant d’une efficacité redoutable : en un rien de temps, le test a été fait, et la douane passée.

C’est une fois arrivé dans l’un des terminaux de l’aéroport – vidé de toute âme autre que les voyageurs du jour et le personnel en tenue anti-Covid-19 – que les choses se sont gâtées. Le Comité national olympique français avait prévenu avant le départ : préparez-vous à passer plusieurs heures à Pékin-Capitale.

Chaque passager s’est vu tendre une feuille sur laquelle se trouvaient les noms des différents hôtels qui accueillent les participants des Jeux et, à côté, le numéro du bus correspondant. Pour chaque endroit, une navette bien précise. Malheur à celui qui serait tenté d’y faire une entorse car tous les établissements sont ceinturés de barrières métalliques et d’un portail de sécurité : impossible de rallier deux hôtels à pied, même s’ils ne sont séparés que de quelques centaines de mètres.

Un employé désinfecte l’un des bus transportant les participants aux JO d’hiver, à Zhangjiakou, le 30 janvier. JAE C. HONG / AP

Les participants logés sur le site de Zhangjiakou, le plus éloigné de la capitale – quelque 180 kilomètres au nord –, où se dérouleront les épreuves de ski de fond et de biathlon, ont été les premiers appelés. Ont suivi ceux pour Yanqing, qui accueille les épreuves de ski alpin et de descente (bobsleigh, luge, skeleton). Les voyageurs restant, eux, à Pékin passeront encore près de deux heures sur place avant de pouvoir enfin gagner leur lieu de résidence.

Depuis le 23 janvier, 232 cas de Covid-19

Il aura fallu plus de quatre heures de route, escortés par des voitures de police et avec plusieurs pauses sur des aires d’autoroutes (dont une partie est exclusivement réservée aux transports pour les Jeux) pour rallier Zhiangjiakou. Et près de huit heures après l’atterrissage, après avoir desservi un à un les établissements de la zone, pour arriver enfin à l’hôtel.

Mais le périple n’était pas tout à fait fini, car un nouveau point de contrôle attendait les voyageurs. Invités à laisser passeport et accréditation en échange de la clé de leur chambre, ils ont surtout reçu cette consigne : n’en sortir qu’au moment où leur seraient communiqués, par téléphone, les résultats du test réalisé à l’aéroport. Sous réserve, bien entendu, que celui-ci soit négatif.

Un garde ouvre les barrières pour que les bus transportant les participants aux Jeux puissent pénétrer dans l’enceinte d’un hôtel à Pékin, le 29 janvier. Ce dispositif est mis en place devant chaque établissement de la « bulle olympique ». JAE C. HONG / AP

L’arrivée dans la bulle olympique, se mérite. Y rester aussi ! Pendant quinze jours, chaque journée commencera par un test PCR (uniquement oropharyngé cette fois et sans obligation d’isolement en attente des résultats, seuls les cas positifs sont contactés). Dans les zones publiques des hôtels ou à l’entrée des sites de compétitions et autres salles de presse, la température corporelle sera vérifiée.

Dans les bars et restaurants, chaque place est déjà délimitée par des parois en Plexiglas : dans l’hôtel réservé aux journalistes du Monde, à Zhangjiakou, le petit déjeuner est ainsi servi dans une salle où elles sont, en plus, orientées dans la même direction. Et il faudra toujours renseigner quotidiennement son état de santé sur l’application dédiée… Mercredi 2 février, 232 cas de Covid-19 avaient été dénombrés depuis l’entrée en vigueur du dispositif, le 23 janvier.

Au-delà de l’aspect purement sanitaire, un autre enjeu est de se familiariser rapidement avec les subtilités logistiques, notamment les circuits des bus desservant les hôtels, les centres de presse et les sites de compétition – où les contrôles de sécurité sont renforcés. Pour se rendre sur celui du biathlon, il faut compter trois changements. Là encore, attention à ne pas se louper. Car si les passages des navettes seront réajustés les jours des épreuves, le risque de se retrouver à attendre un long moment dans le froid glacial de Zhangjiakou (qui frise − 10 oC en journée, − 20 oC la nuit) est bien réel.

Reste que le personnel et les bénévoles sont très prévenants. De quoi atténuer un peu le climat anxiogène de ces Jeux.

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