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Au Chili, les tensions contre les migrants vénézuéliens s’exacerbent

Des membres de la police chilienne forment un périmètre autour d’un migrant vénézuélien lors d’un rassemblement contre la migration et la délinquance, à Iquique, au Chili, le 30 janvier 2022. STRINGER / REUTERS

« Ça suffit. Plus d’immigrés délinquants. Fermeture des frontières. » Rassemblées derrière une longue banderole noire, plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche 30 janvier à Iquique, dans le nord du Chili. Cette ville côtière est devenue, depuis 2020, un point de transit pour les migrants vénézuéliens traversant à pied, de façon irrégulière, la frontière qui sépare le Chili de la Bolivie. Faute de structures d’accueil, ils campent sur la plage ou dans la rue, dans des conditions de grande précarité, au terme d’un parcours migratoire éreintant.

En marge du rassemblement, des manifestants s’en sont pris à un abri de migrants – absents lors de l’incident – au rythme de cris xénophobes, selon BBC Mundo. Des images de la télévision chilienne T13 ont montré des policiers faisant barrage afin de protéger un migrant assis sur la plage. Un Vénézuélien a été frappé par des manifestants.

Lundi 31 janvier, encore, la ville a été marquée par des manifestations : des camionneurs et des chauffeurs de taxi ont bloqué les accès routiers afin de protester contre la délinquance et l’immigration. Au mois de septembre 2021, déjà, des manifestations émaillées de violences et d’insultes racistes avaient choqué l’opinion.

Policiers agressés par des migrants

Ce nouveau rassemblement fait suite à l’agression de policiers d’Iquique par des migrants vénézuéliens, mardi 25 janvier. Symptôme du climat électrique entourant la crise migratoire, ce qui aurait pu n’être qu’un fait divers local a très rapidement été relayé, poussant le président élu, Gabriel Boric (gauche), à s’exprimer dès le lendemain de l’agression : « C’est inacceptable », a-t-il affirmé, assurant vouloir « éradiquer la délinquance et le narco [trafic] des rues ». Le gouvernement sortant de Sebastian Piñera (droite) a annoncé l’expulsion des migrants accusés de l’agression.

En parallèle, le procureur de la région de Tarapaca (dont Iquique est la capitale) a dévoilé, vendredi 28 janvier, les chiffres de la délinquance de 2021, qui montrent une augmentation de 183 % des homicides, de 42 % du trafic de drogue et de 501 % du trafic de migrants. Lors de la présentation, la montée de la délinquance a été associée à l’immigration : « L’essor des délits associés au crime organisé (…) est aggravé par la perméabilité [des] frontières, favorisant une augmentation massive de la migration irrégulière. »

« Depuis un an environ, il y a une poussée de la xénophobie, avec une tendance à lier la délinquance à l’immigration, notamment vénézuélienne », remarque Patricia Rojas, présidente de l’Association vénézuélienne au Chili, qui promeut les droits des migrants. « Les manifestations contre la délinquance sont légitimes et la ville d’Iquique est totalement débordée », complète-t-elle. Le Service jésuite aux migrants (SJM) a épluché les chiffres officiels : « Il n’existe pas de preuves que l’augmentation de migrants résidant au Chili soit associée à une augmentation des délits », stipule un rapport de septembre 2020. En juillet 2020, les étrangers purgeant une peine de prison représentaient 6 % de la population carcérale. Avec environ 1,5 million de résidants venant d’un autre pays, pour 19 millions d’habitants, ils représentent près de 8 % de la population chilienne. « 99,8 % des migrants présents au Chili ne sont pas en prison », calcule le rapport.

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