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Un an après le putsch, la junte birmane déstabilisée par les défections et les attaques armées

Des villageois fuient les obus d’artillerie tirés par l’armée birmane près de Lay Kay Kaw, dans le canton de Myawaddy, dans l’est de l’Etat Karen, le 19 décembre 2021. JITTRAPON KAICOME POUR « LE MONDE »

Un an après le coup d’Etat du 1er février 2021, au motif, jamais prouvé, de fraudes électorales massives de la part de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), le parti d’Aung San Suu Kyi, grand vainqueur des élections de novembre 2020, le bilan de la nouvelle junte est peu glorieux. L’économie est à genoux. Le nombre de « déplacés internes » atteindrait 406 000 depuis le 1er février 2021, selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Certes, les grands centres urbains ne connaissent plus de manifestations, mais les plasticages contre l’armée sont quotidiens.

Dans l’ouest du pays, dans l’Etat Chin, et dans deux régions centrales bamar, l’ethnie principale, Sagaing et Magway, qui n’avaient jamais connu de conflit important, l’armée est harcelée par les brigades de la résistance, et doit recourir de plus en plus souvent à des frappes aériennes meurtrières. Pour la première fois, en janvier, une capitale d’Etat, Loikaw (l’Etat Kayah, à majorité karenni et chrétienne), dans l’Est, a été bombardée.

Dans ces zones, les massacres de civils perpétrés par l’armée – des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, selon l’ONG Human Rights Watch – signalent davantage une perte de maîtrise du territoire qu’une reprise en main. « Ils ont incendié notre école à Sagaing. L’armée semble une bête blessée, acculée à la politique de la terre brûlée », constate un humanitaire allemand rencontré à Mae Sot, qui a dû suspendre ses activités en Birmanie.

« Remettre à zéro tout le système politique »

L’heure est sombre pour la Birmanie, si l’on considère tout ce qu’a perdu ce pays, dont la transition politique initiée en 2011 et entérinée par des élections libres en 2015, après un demi-siècle de dictature, avait fait naître d’immenses espoirs. Mais si l’on prend en compte les gains enregistrés par la « révolution du printemps », ce soulèvement dont les acteurs espèrent qu’il débarrassera le pays d’un système failli, il y a des raisons d’être optimiste.

« Nous étions déjà sous contrôle militaire : ils avaient de leur côté la Constitution, conçue pour protéger leurs intérêts et leur pouvoir, et le clergé bouddhiste, qui se sentait menacé par Aung San Suu Kyi », explique, depuis l’endroit secret où elle est réfugiée, la militante Thinzar Shunlei Yi, 30 ans. « Ce mode d’organisation politique était défaillant, on disait qu’il nous fallait une révolution. Nous l’avons eue plus tôt que prévu. Maintenant que nous avons choisi de nous battre, ce coup d’Etat donne une occasion unique de remettre à zéro tout le système politique », veut-elle croire.

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