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Burkina Faso : le procès Sankara suspendu jusqu’au “rétablissement de la Constitution”

Publié le : 31/01/2022 – 15:13

Le procès des auteurs présumés de l’assassinat de Thomas Sankara, ancien président du Burkina Faso, n’a pas pu reprendre lundi comme prévu à Ouagadougou. Les avocats de la partie civile ont demandé sa suspension en attendant « la normalisation juridique » de la part des nouveaux dirigeants du pays.

Le procès des assassins présumés de Thomas Sankara et de douze de ses compagnons lors d’un coup d’État en 1987, a été reporté lundi 31 janvier jusqu’au « rétablissement de la Constitution », suspendue par un putsch il y a une semaine, a décidé le tribunal militaire de Ouagadougou.

« Le tribunal a examiné les différents arguments » et « décidé de suspendre l’audience pour une bonne administration de la justice. Il invite les parties à rester à l’écoute pour la reprise qui se fera après le rétablissement de la Constitution », a déclaré le président de la juridiction militaire du Burkina Faso, Urbain Meda.

Dès l’ouverture de la séance de reprise du procès qui avait été interrompu par le coup d’État du 24 janvier, les avocats de la partie civile avaient demandé sa suspension en attendant « la normalisation juridique » de la part des nouveaux dirigeants du pays.

« La partie civile estime qu’un procès doit se tenir dans un délai raisonnable, mais nous ne voulons pas d’un procès » qui soit entaché « d’irrégularités », a déclaré Prosper Farama, avocat de la famille Sankara.

Pas de calendrier pour le « retour à une vie constitutionnelle normale »

En prenant le pouvoir le 24 janvier, les putschistes ont annoncé la suspension de la Constitution, mais affirmé qu’ils garantiraient « l’indépendance de la justice ».

Dans sa seule prise de parole publique jeudi soir à la télévision nationale, le président de la junte, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba s’était engagé au « retour à une vie constitutionnelle normale », « lorsque les conditions seront réunies », sans préciser de durée.

« Est ce que cette juridiction, dont l’indépendance est garantie par la Constitution, peut tenir son audience alors que la Constitution qui garantit cette indépendance est suspendue ? », s’est interrogé Me Farama.

Un avocat de la défense, Mamadou Sombie, avait estimé lui que « la justice n’est pas rendue au nom de la Constitution, mais au nom du peuple burkinabè ».

>> À lire : Quel est l’héritage de Thomas Sankara, 34 ans après son assassinat ?

Phase des réquisitoires et des plaidoiries

Le procès qui a débuté en octobre 2021, a été interrompu le jour du putsch alors qu’il devait entrer dans la phase des réquisitoires et des plaidoiries.

Douze des quatorze accusés, dont le général Gilbert Diendéré, 61 ans, un des principaux chefs de l’armée lors du putsch de 1987, étaient présents à ce procès.

Le principal accusé, l’ancien président Blaise Compaoré, porté au pouvoir par ce putsch et ami proche de Sankara – leader progressiste et icône panafricaine – était absent, ses avocats ayant dénoncé « un simulacre de procès » devant « un tribunal d’exception ».

Soupçonné d’avoir été le commanditaire de l’assassinat de Sankara, ce qu’il a toujours nié, il a été chassé du pouvoir en 2014 par la rue et vit depuis en Côte d’Ivoire.

Autre grand absent, l’adjudant-chef Hyacinthe Kafando, ancien commandant de la garde de Compaoré, en fuite depuis 2016 et qui est soupçonné d’avoir mené le commando ayant assassiné Thomas Sankara et ses compagnons.

Avec AFP

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