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Biden an I : le retour contrarié de l’Amérique

Le 20 janvier 2021, à midi, heure de Washington (18 heures à Paris), au Capitole, le démocrate Joe Biden devient officiellement le 46e président des Etats-Unis. ANDREW HARNIK/AP

« America is back » : ce slogan simple, optimiste, caricatural, a accompagné l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, fin janvier 2021. Ce « retour » se voulait réparation. Il impliquait un repli préalable, voire une forme de trahison, par rapport au rôle traditionnel des Etats-Unis dans les affaires du monde. L’ère Trump avait été marquée, il est vrai, par plusieurs renoncements et abandons significatifs : le retrait de l’accord sur le nucléaire iranien (JCPoA), de celui de Paris sur le climat, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Décidé à la fois à saccager l’héritage Obama et à fouler aux pieds un système multilatéral jugé périmé et superflu, Donald Trump avait provoqué l’effarement des pays alliés, en particulier des Européens. Ne se sentant tenu par aucun engagement du passé, l’ex-entrepreneur avait imposé une politique étrangère purement transactionnelle.

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Joe Biden, lui, a voulu réhabiliter la parole et les engagements traditionnels des Etats-Unis, reprendre le langage des valeurs et retrouver le chemin des alliances. Avec un pays principal en ligne d’horizon de sa politique étrangère : la Chine. Par sa puissance commerciale, ses ambitions militaires, son industrialisation éclair au mépris des risques climatiques, ses avancées technologiques, son agressivité nationaliste dans l’Indo-Pacifique, Pékin se trouve en situation de compétition ou de tension avec Washington. La priorité absolue de Joe Biden est de préparer son pays à cette rivalité du présent et du futur, qui va forcément s’aiguiser.

Cela suppose d’abolir la distinction entre politique intérieure et extérieure. En cela, il existe une continuité avec son prédécesseur, Donald Trump, et son « America first ». Voilà pourquoi le président démocrate a souvent cité la Chine dans son argumentaire en faveur du plan majeur d’investissements dans les infrastructures (1 200 milliards de dollars), adopté début novembre au Congrès. Moderniser l’Amérique, c’est mieux l’armer.

« Positions de force »

De façon nette, la nouvelle administration a opéré une révision des priorités de l’Amérique dans le monde. Le Moyen-Orient et l’Europe sont délaissés, l’Asie concentre l’attention. Jake Sullivan, le conseiller national à la sécurité de Joe Biden, est l’un des penseurs et des acteurs les plus influents auprès du président. Il aime citer une expression de Dean Acheson en politique étrangère : « positions de force ».

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