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Au Pérou, la marée noire plus importante que prévu

A la suite de la marée noire qui frappe leur pays, des soldats péruviens participent à une opération de nettoyage des plages, près de Huaral, le 27 janvier 2022. CRIS BOURONCLE / AFP

Le Pérou est toujours aux prises avec une marée noire, deux semaines après une importante fuite de pétrole dans l’océan Pacifique. Le gouvernement a doublé, vendredi 28 janvier, son estimation de la quantité de pétrole qui s’est déversée au large des côtes, de 6 000 à 12 000 barils.

« Nous avons pour le moment le chiffre de 11 900 barils » répandus en mer au cours de la marée noire du 15 janvier, contre 6 000 estimés auparavant, a déclaré le ministre péruvien de l’environnement, Ruben Ramirez, à l’occasion d’une conférence de presse.

Le 15 janvier, une fuite de pétrole s’est produite pendant le déchargement d’un tanker dans la raffinerie de La Pampilla, propriété du groupe pétrolier espagnol Repsol, située à 30 km au nord de Lima.

La nappe de pétrole a été poussée par les courants jusqu’à 140 km au nord de la raffinerie. Elle a entraîné la mort de milliers de poissons et d’oiseaux marins et mis des centaines de pêcheurs artisanaux au chômage. En plein milieu de l’été austral, le secteur touristique de la zone est également touché de plein fouet.

180 hectares de littoral souillés

Selon le gouvernement, plus de 180 hectares de littoral ont été souillés, ainsi que 713 hectares de zone maritime.

« Pour l’heure, 4 225 barils ont été récupérés », a précisé le vice-ministre de l’environnement, Alfredo Mamani, au cours de la même conférence de presse. Quelque 11 900 barils correspondent à environ 1 700 tonnes de pétrole.

A titre de comparaison, le naufrage en 1978 du supertanker Amoco Cadiz avait provoqué la fuite de 227 000 tonnes de brut sur les côtes françaises. En 1999, 115 000 tonnes de fioul lourd avaient fini dans la mer après le naufrage de l’Erika.

La raffinerie rejette la responsabilité de l’accident sur la forte houle présente en mer ce jour-là après la puissante éruption volcanique aux îles Tonga qui a provoqué un tsunami dans le Pacifique. Ses responsables affirment que les autorités maritimes péruviennes n’avaient pas émis d’alerte.

Des dirigeants de Repsol interdits de quitter le pays

Manifestation devant le siège péruvien de la compagnie pétrolière espagnole Repsol à Lima, le 26 janvier 2022. Une fuite de pétrole s’est produite pendant le déchargement d’un tanker dans une de ses raffineries à La Pampilla, le 15 janvier 2022. MARTIN MEJIA / AP

Dans une décision rendue vendredi, la justice péruvienne a interdit à quatre responsables du groupe Repsol, dont son président au Pérou, l’Espagnol Jaime Fernandez-Cuesta Luca de Tena, de sortir du pays pendant dix-huit mois, le temps de poursuivre l’enquête sur la marée noire.

« La demande du parquet est fondée », a déclaré le juge Romualdo Aguedo au cours d’une audience en ligne, validant cette décision. M. Fernandez-Cuesta Luca de Tena fera l’objet d’une enquête comme « auteur » présumé du délit de « pollution de l’environnement aggravée » à l’encontre de l’Etat péruvien, passible de quatre à six années de prison, et les trois autres responsables péruviens comme « complices », selon le parquet.

« Nous continuerons à coopérer pleinement à toute enquête pénale, comme nous le faisons avec l’enquête préliminaire en cours », a réagi le groupe espagnol depuis Madrid dans un courrier électronique envoyé à l’Agence France-Presse.

« Notre principale préoccupation est le nettoyage de l’environnement. Repsol concentre tous ses efforts dans les travaux de nettoyage avec la plus grande célérité pour progresser dans les zones affectées », a-t-il ajouté.

Le parquet a également déclaré qu’il était « nécessaire » d’enquêter sur les éventuelles responsabilités de dirigeants d’institutions publiques péruviennes supervisant les opérations maritimes et pétrolières.

Le Monde avec AFP

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