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Dans les arcanes de la lutte informationnelle russe en Afrique

Un paramilitaire russe assure la sécurité d’un meeting du président Faustin-Archange Touadéra, à Bangui, en République centrafricaine, le 25 décembre 2020. NACER TALEL / ANADOLU AGENCY / AFP

S’il est un domaine auquel Moscou porte un soin particulier depuis la reprise en main de sa politique africaine, en 2019, c’est celui de la lutte informationnelle. Ce que les militaires français appellent la « L2I », la « lutte informatique d’influence », c’est-à-dire la bataille de l’opinion, notamment sur les réseaux sociaux. Depuis peu, Paris assume recourir, lui aussi, à la L2I, mais avec un certain retard comparé à Moscou, dont les méthodes sont rodées de longue date et affranchies d’états d’âme, selon une note que Le Monde a pu consulter.

A travers la lutte informationnelle la France cherche surtout, en Afrique et en particulier au Mali, à ne pas définitivement perdre la guerre des cœurs et des esprits. Mais côté russe, la lutte informatique d’influence est d’abord utilisée pour « discréditer la France », car Moscou ne peut « concurrencer » Paris en matière d’investissements économiques et d’aide au développement, estiment en préambule les auteurs de la note. « Pour prendre l’avantage, [la Russie] doit faire valoir d’autres arguments » : elle ne demande pas, par exemple, de « contreparties » à son soutien sur la démocratie ou les droits humains, soulignent-ils .

« Relais d’influence »

Les « campagnes d’influence prorusses » auraient commencé dès 2019, au Mali. Une période qui aurait coïncidé avec les premières incursions sur le terrain de responsables de la société paramilitaire Wagner, dont la présence n’est confirmée qu’à l’automne 2021. Un « bruit de fond » antifrançais est alors orchestré à partir d’un ressentiment depuis longtemps en germe au sein de l’opinion malienne. Celui-ci va ensuite gagner en visibilité sur les réseaux sociaux et prendre de la vigueur après le deuxième coup d’Etat au Mali, au printemps 2021, lorsque la Russie identifie une fenêtre d’opportunité pour s’implanter durablement.

Les rouages en Afrique de cette L2I à la russe sont en partie connus, même si Moscou ne les met jamais en avant ni ne les confirme. Cette note les précise. Le premier pilier de cette stratégie est le puissant service du renseignement militaire russe, le GRU. Pour développer l’aura de Moscou sur le continent africain, le GRU organiserait ses campagnes en mêlant actions de L2I et lutte cyberoffensive classique. Le tout en s’appuyant sur des « relais d’influence », plutôt qu’un contact direct avec son « auditoire cible ».

Afin de maximiser l’efficacité de ses actions, le GRU effectuerait au préalable des études approfondies des médias et des audiences, avec un fort recours à l’intelligence artificielle afin de modéliser la sphère informationnelle. Ces méthodes se développent aujourd’hui un peu partout dans le monde, mais Moscou en a une maîtrise plus ancienne. Utilisé en Afrique, ce travail « combiné » du GRU a été conçu, à l’origine, surtout à l’encontre de l’Ukraine et des pays de la sphère d’influence des Etats-Unis et du Royaume-Uni.

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