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Des marins cubains exploités dans des bateaux de croisière

Le bateau de croisière « MSC Opera », en 2017, à La Havane. ALEXANDRE MENEGHINI / REUTERS

Des centaines de marins cubains seraient exploités dans des bateaux de croisière de luxe. Et bannis de leur pays pendant huit ans, s’ils ne revenaient pas après leur « mission ». C’est l’accusation formulée, mercredi 26 janvier, par des organisations de défense de la démocratie à Cuba, qui affirment, pour la troisième fois depuis 2019, que le gouvernement de La Havane traite en « esclaves » les professionnels – médecins dans leur majorité, mais aussi artistes, sportifs, enseignants, et personnel de bord de navires – envoyés à l’étranger.

Une plainte pour « esclavage » concernant 110 médecins avait été déposée en mai 2019 contre les autorités cubaines devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye et à l’ONU à Genève : ces soignants, assurait le document, n’étaient pas forcément volontaires pour les « missions » – devenues un outil essentiel de la diplomatie cubaine et de son économie. Jusqu’à 90 % de leur salaire était reversé au gouvernement, ils avaient interdiction de se marier sans autorisation, bannissement de huit ans en cas de « désertion » – entre beaucoup d’autres contraintes. En 2020, plus de 600 nouveaux témoignages avaient été ajoutés.

Mardi, les organisations Prisoners Defenders, à Madrid, le Centre pour l’ouverture et le développement de l’Amérique latine et l’Union patriotique de Cuba, dont le dirigeant, José Daniel Ferrer Garcia, est en prison, ont remis à la CPI et à l’ONU un troisième document, qui s’appuie, cette fois, sur plus de 1 100 témoignages. Environ 40 000 professionnels « déserteurs » auraient été bannis de Cuba, et entre 5 000 et 10 000 seraient actuellement dans l’impossibilité de revoir leurs enfants. Le texte livre le témoignage de membres d’équipage (commis de cuisine, femmes de chambre, ­réceptionnistes, techniciens…) engagés sur des bateaux de croisière, soumis à des conditions de travail similaires.

Ces Cubains, dont deux ont ­accepté de répondre au Monde à condition que leur anonymat soit préservé, ont travaillé sur les navires de l’entreprise MSC Croisières, filiale de MSC, d’origine italienne et dont le siège est à Genève. Pour embaucher des Cubains, MSC avait l’obligation de passer par ­Selecmar, agence d’Etat chargée de recruter et de former les marins.

Six mois sans congé

Plusieurs milliers de Cubains travaillent sur des navires internationaux. Reynaldo (les prénoms ont été modifiés) estime qu’ils étaient une centaine sur le bateau où il a passé neuf mois en 2019. Selecmar assure respecter les accords établis par l’Organisation internationale du travail. Mais, selon des contrats de travail publiés dans le document, 80 % du salaire de base des employés cubains – entre 328 et 408 euros selon deux contrats joints à la plainte – était reversé à Selecmar. Cette réversion apparaît mentionnée comme étant valable « uniquement pour les marins philippins et cubains ».

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