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« Fight Club » censuré en Chine

C’est l’une des scènes mythiques du cinéma populaire : Edward Norton, débarrassé de son double maléfique joué par Brad Pitt, regarde exploser des gratte-ciel du centre d’affaires de Los Angeles. Mais les jeunes Chinois qui découvriraient Fight Club pour la première fois sur la plate-forme Tencent Video, depuis ce week-end, vingt-trois ans après sa sortie, ont droit à une autre version : à la place de la scène célébrant l’anarchie en faisant voler en éclat des symboles de la finance, ils voient apparaître un simple message, alors que le film s’est arrêté quelques secondes plus tôt : « Grâce aux preuves fournies par Tyler, la police a rapidement découvert le projet, arrêté tous les criminels, et empêché les bombes d’exploser. Après un procès, Tyler a été envoyé en asile pour recevoir un traitement psychiatrique. Il a été libéré de l’hôpital en 2012. » Voilà pour le film de David Fincher à la sauce du politiquement correct chinois.

Si les coups de ciseaux dans les films étrangers ne sont pas nouveaux en Chine, les censeurs démontrent qu’ils n’ont pas peur de prendre leur public pour des imbéciles, tant la conclusion réécrite est en décalage avec le reste du film. Ce que n’ont pas manqué de relever les internautes chinois, choqués par l’absurdité de la démarche. « Toute l’équipe d’Ocean’s Eleven aurait sans doute été arrêtée. Et la famille entière du Parrain aurait fini en prison », ironise un utilisateur du réseau social Weibo, similaire à Twitter. D’autres pointent que ces pratiques poussent le public chinois à pirater les versions originales des films étrangers, plutôt que d’aller regarder légalement les versions rabotées proposées par les plates-formes chinoises comme Tencent Video ou iQiyi (plate-forme de Baidu).

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Ce genre de pratiques est courant pour les films, mais l’opération a généralement lieu avant leur sortie. Exemple avec Infernal Affairs, un thriller hongkongais qui raconte une histoire d’agents infiltrés entre les gangs et la police, et dont Les Infiltrés, de Martin Scorsese, est inspiré. « Lors de la sortie du film Infernal Affairs [en 2002], deux versions de la fin ont été tournées : une pour Hongkong, et une pour la Chine continentale. Dans la version originale, le policier meurt à la fin du film. Dans la version chinoise, la police découvre qu’Andy Lau était infiltré et il est arrêté », explique Grace Leung, maître de conférences à l’université chinoise de Hongkong, spécialiste de la régulation des médias et du cinéma.

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