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Theodore Roosevelt, un héros américain déboulonné

Des ouvriers sécurisent la statue de Theodore Roosevelt après l’avoir retirée de l’entrée du Musée d’histoire naturelle, à New York, le 20 janvier 2022. CAITLIN OCHS / REUTERS

LETTRE DE NEW YORK

Le XXe siècle fut américain, et son héros s’appelait Theodore Roosevelt. Président des Etats-Unis de 1901 à 1909, ce New-Yorkais aux mille vies fut cow-boy dans le Dakota, aventurier amoureux de la nature sauvage du parc national de Yellowstone à l’Amazonie, colonel de l’armée américaine et colonisateur de Cuba, promoteur du canal de Panama, Prix Nobel de la paix pour ses efforts en faveur de la signature du traité de Portsmouth entre la Russie et le Japon.

Las, Teddy Roosevelt (1858-1919) avait une statue bien encombrante qui trônait devant le Musée d’histoire naturelle de New York, aux abords de Central Park. Il est vrai que l’œuvre du sculpteur James Earle Fraser, inaugurée en 1940, est délicate à défendre, et il n’est pas besoin d’être « woke » pour juger qu’elle peut être problématique : Roosevelt trône sur son cheval, ceinture de cartouches autour de la taille, tandis que trottinent à ses côtés un Indien avec une coiffe de plumes et un Noir musculeux torse nu.

La statue correspondait à la pensée de Roosevelt, qui était raciste de son temps. Dans un discours prononcé en 1905 pour le centenaire de la naissance d’Abraham Lincoln, l’abolisseur de l’esclavage, le président Roosevelt appelle « la race avancée » à « préserver indemne la haute civilisation forgée par ses ancêtres » et à aider « la race arriérée », « l’homme de couleur », à acquérir « les avantages inestimables de la liberté, de l’efficacité industrielle, de la capacité politique et de la moralité privée ».

« Je ne pense pas que les seuls bons Indiens sont les Indiens morts, mais c’est valable pour neuf sur dix, sans compter le dixième sur lequel je ne souhaite pas me pencher. » Theodore Roosevelt

Quant aux natifs américains, il avait déclaré à leur propos en 1886, alors que les guerres indiennes n’étaient pas achevées : « Je ne pense pas que les seuls bons Indiens sont les Indiens morts, mais c’est valable pour neuf sur dix, sans compter le dixième sur lequel je ne souhaite pas me pencher ». Lors de l’inauguration en 1940 de la statue, le New York Times n’avait rien trouvé à redire, citant en conclusion de son article un éloge de Theodore Roosevelt, « précurseur de l’essentiel de notre libéralisme moderne ».

Depuis, la statue avait fini par devenir encombrante. Mais il a pourtant fallu attendre le renouveau du mouvement Black Lives Matter (« les vies noires comptent »), après le meurtre de l’Afro-Américain George Floyd, étouffé par un policier blanc de Minneapolis en mai 2020, pour que la ville de New York et le Musée d’histoire naturelle se mettent d’accord pour enlever l’œuvre d’art. « Beaucoup d’entre nous trouvent que la représentation des personnages amérindien et africain ainsi que leur placement dans l’œuvre est raciste », déclara le musée à l’été 2020. « C’est la bonne décision et le bon moment pour retirer cette statue problématique », renchérit le maire, Bill de Blasio.

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