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Présidentielle 2022: les patrons entrent en campagne

Aux yeux du patronat, le compte n’y est toujours pas. Malgré la baisse de l’impôt sur les sociétés à 25 % par Emmanuel Macron et la diminution de 10 milliards des impôts de production, le Medef réclame une réduction supplémentaire de 35 milliards d’euros en cinq ans. « Le gouvernement a amorcé le mouvement mais il faut aller plus loin sur les impôts de production, avance Geoffroy Roux de Bézieux, le président de l’organisation patronale. Car l’écart reste de 64 milliards avec l’Allemagne, ce qui nuit à notre compétitivité. » Pour compenser la perte de recettes pour les collectivités locales, le Medef suggère de leur réaffecter une part de la TVA et de l’impôt sur les sociétés. Autre sujet brûlant pour le patron des patrons : la transmission des entreprises familiales. « Le coût fiscal est trop élevé, ce qui dissuade beaucoup d’héritiers de reprendre la firme de leurs parents », relève-t-il. Sa solution : augmenter l’exonération du Pacte Dutreil à 95 % avec une obligation d’engagement de 10 ans au lieu de 6 ans.

Repousser l’âge de la retraite

Pour le Medef, la réforme des retraites est « la mère des réformes ». Afin de réduire le déficit des régimes, estimé entre 7 et 10 milliards d’euros en 2021, Geoffroy Roux de Bézieux défend un report de l’âge légal de départ à 65 ans. « L’augmentation de l’espérance de vie conduit à adapter l’âge de départ afin de retrouver l’équilibre financier, justifie-t-il, plutôt que de passer par une baisse des pensions ou une hausse des cotisations. » Pour sa part, la CPME prône l’idée d’un âge de départ à 63 ans avec la création d’un « compte d’épargne ». « Un salarié pourrait stocker ses RTT ou congés payés non-consommés, détaille François Asselin, le président du mouvement. Et, au moment de partir à la retraite, il pourrait utiliser ses droits acquis pour partir plus tôt. » Autre proposition forte du Medef et de la CPME : la suppression des régimes spéciaux et la mise en place de trois régimes distincts pour les salariés du secteur privé, les fonctionnaires et les indépendants. Une piste reprise récemment par Emmanuel Macron.

Assouplir le temps de travail

Les 35 heures, la durée légale hebdomadaire, ne sont plus la bête noire des patrons. Nul besoin de les abroger : « Une entreprise peut facilement y déroger grâce à un accord d’entreprise ou de branche », constate Geoffroy Roux de Bézieux. Ce qui ne l’empêche pas de déplorer que les Français travaillent toujours moins que leurs voisins européens sur une année complète (1.558 heures dans l’Hexagone contre 1.672 en moyenne dans l’Union européenne). Pour augmenter le temps de travail, le Medef veut faciliter le recours aux forfaits-jours, ce mode d’organisation qui concerne aujourd’hui essentiellement les cadres. « On doit pouvoir y recourir sans négocier un accord d’entreprise », lance le patron des patrons. Côté CPME, on soutient une diminution des charges sociales sur les heures supplémentaires pour inciter les Français à travailler plus. « A partir de la 35e heure, les cotisations sociales montent en flèche avec une majoration de 25 % », regrette François Asselin. Ce patron d’une PME dans le bâtiment y voit le moyen de lutter contre les pénuries de main-d’œuvre qui frappent toutes les entreprises : « Quand on manque de compétences autant faire travailler les gens qui sont déjà dans l’entreprise », souffle-t-il.

Alléger la complexité administrative

Le patronat peut savourer cette petite victoire : d’après notre sondage Harris Interactive, 84 % des Français sont favorables à un allègement des contraintes administratives pour les entreprises. Il est vrai que les patrons se plaignent souvent de crouler sous la paperasse entre les fiches de paie, les déclarations Urssaf, les demandes de crédits d’impôt, etc. D’où la proposition du Medef qui veut que « 100 % des démarches administratives soient dématérialisées » mais en maintenant la possibilité de joindre un interlocuteur en cas de difficultés. La CPME, elle, s’inquiète de la prolifération de normes « anti-business » pour lutter contre le réchauffement climatique notamment. « Chaque nouvelle règle doit faire l’objet d’un crash-test en entreprise pour voir si elles ne vont pas freiner l’activité, réclame François Asselin. Les chefs d’entreprise doivent être associés à 100 % dans la méthode et le calendrier de la transition écologique. »

Diminuer le coût du travail

En pleine période de remontée de l’inflation et d’inquiétude sur le pouvoir d’achat, le patronat ne craint pas de créer la polémique en remettant au pot la fameuse « TVA sociale ». « Pour alléger le coût du travail, on prône un transfert de cotisations patronales vers des prélèvements fiscaux », avance Geoffroy Roux de Bézieux. De quoi satisfaire l’UIMM, la puissante fédération professionnelle de la métallurgie qui plaide depuis longtemps pour des allègements de cotisations patronales, y compris sur les salaires supérieurs à 2,5 smic. Avec un objectif clair : réindustrialiser l’Hexagone en boostant l’embauche d’ingénieurs et de techniciens aux rémunérations élevées. Une mesure qui ne fait pas consensus chez les économistes puisque le Conseil d’analyse économique (CAE) souligne qu’au-delà de 1,6 smic, les baisses de cotisations n’ont que peu d’effets sur l’emploi et sur les exportations. Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, rejoint néanmoins les organisations patronales sur le constat : « Le coût de la main-d’œuvre qualifiée et très qualifiée est devenu un vrai obstacle dans les décisions d’investissement des grands groupes », a-t-il reconnu début janvier. De quoi alimenter la future campagne d’Emmanuel Macron.

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