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Après des semaines de manifestations, la Serbie « met fin » au projet de mine de lithium de Rio Tinto

Lors d’une manifestation contre le projet de Rio Tinto d’ouvrir une mine de lithium, à Belgrade, le 20 janvier 2022. MARKO DJURICA / REUTERS

« Rio Tinto expulsé. Serbie – Australie : 1 partout ». Quelques jours après le retour forcé au pays du tennisman serbe Novak Djokovic, renvoyé d’Australie en raison de son statut vaccinal, le tabloïd serbe Kurir a eu l’art de présenter la décision surprise de la première ministre serbe de « mettre un terme » au très contesté projet de mine de lithium de l’entreprise anglo-australienne Rio Tinto sur son territoire. Lors d’une conférence de presse convoquée jeudi 20 janvier au soir, Ana Brnabic a annoncé que « tous les permis et tous les actes administratifs [liés au projet minier] [avaient] été annulés ».

« C’est la fin du projet Jadar et de Rio Tinto », a répété la première ministre, alors que de nouvelles manifestations contre le projet avaient été annoncées dans les prochains jours. Prévue pour ouvrir en 2026 le long de la rivière Jadar, dans le sud-ouest de cet Etat des Balkans, la mine de lithium de Rio Tinto avait pour ambition de devenir le plus gros fournisseur d’Europe de ce minerai crucial pour les batteries automobiles. Le géant minier comptait extraire « 58 000 tonnes de carbonate de lithium par an », soit assez « pour fournir plus d’un million de voitures électriques » d’un continent qui doit pour l’instant opérer sa transition écologique avec du lithium provenant d’Amérique latine et d’Australie.

C’était compter sans une mobilisation inédite alimentée par la montée des préoccupations environnementales dans un pays déjà extrêmement pollué, tout cela à quelques semaines d’élections générales prévues pour le 3 avril. En novembre et décembre 2021, des dizaines de milliers de Serbes sont descendus dans la rue pour protester contre un projet suspecté d’être notamment nuisible aux rivières de la région. Longtemps soutien d’un investissement planifié depuis plus de quinze ans et susceptible de rapporter « 600 millions d’euros par an » à la Serbie, le président et homme fort du pays, Aleksandar Vucic, avait alors effectué un premier recul, en faisant brusquement retirer deux projets de loi accusés par les manifestants de favoriser Rio Tinto.

Mauvaise image et communication hésitante

Néanmoins, cela n’a pas suffi à faire complètement taire la contestation. « Tous les experts disent que c’est impossible d’extraire du lithium sans causer un désastre écologique », insiste Savo Manojlovic, un jeune avocat de 35 ans devenu l’un des principaux leaders du mouvement de fronde. « Nous sommes satisfaits de l’annulation du projet, mais nous voulons aussi une interdiction générale d’extraire du lithium dans toute la Serbie », réclame ce militant, qui, pour cette raison, réfléchit à poursuivre la mobilisation. « Le problème ne vient pas seulement de Rio Tinto », estime-t-il.

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