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Allemagne : les quatre défis de l’ultralibéral Friedrich Merz à la tête de la CDU

Le nouveau chef du parti chrétien-démocrate allemand (CDU), Friedrich Merz,  pendant l’enregistrement d’une interview télévisée à Berlin, en Allemagne, le 17 décembre 2021. MICHAEL SOHN / AFP

Ce devait être un grand congrès, sur deux jours, à Hanovre. Mais la dégradation de la situation sanitaire en a décidé autrement. C’est donc finalement à distance, derrière leurs écrans, que les 1 001 délégués de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) assistent au 34e congrès de leur parti, samedi 22 janvier, et ce pendant seulement quelques heures.

Ce format réduit ne doit pas tromper. Car ce congrès marque l’entrée de la CDU dans une nouvelle phase de son histoire : après seize ans à la tête du gouvernement fédéral et une défaite cruelle aux élections législatives, le grand parti de la droite allemande est désormais relégué dans l’opposition, un rôle qu’elle n’a connu qu’à deux reprises depuis la seconde guerre mondiale (de 1969 à 1982 puis de 1998 à 2005).

Pour exercer ce rôle auquel elle n’est pas habituée, la CDU s’est choisi un nouveau chef. Celui-ci, pour la première fois, a été désigné par l’ensemble des quelque 400 000 adhérents du parti et non pas par les seuls 1 001 délégués du congrès, comme c’est traditionnellement le cas. Son nom est connu : il s’agit de Friedrich Merz, qui a obtenu 62 % des voix lors de cet exercice inédit de démocratie partisane. Samedi, le congrès doit simplement l’adouber. Le suspense est donc limité, même si le score qu’il obtiendra auprès des délégués permettra de mesurer le soutien dont il dispose au sein de l’appareil du parti.

« Incarner la rupture »

Car Friedrich Merz, au sein de la CDU, n’a pas que des amis. Agé de 66 ans, cet homme au visage émacié et au style cassant est avant tout l’homme de la rupture avec Angela Merkel. Vieux rival de celle-ci, à qui il n’a jamais pardonné de l’avoir évincé de la présidence du groupe parlementaire, en 2002, à l’époque où il se rêvait d’être candidat à la chancellerie, ce passionné d’aviation – il a lui-même un brevet de pilote – s’est ensuite reconverti dans les affaires quand il a compris qu’il ne serait jamais ministre sous Merkel, avant de revenir sur la scène politique quand elle a décidé, en 2018, de quitter la tête de la CDU.

Candidat à deux reprises à la présidence du parti, mais chaque fois battu par des fidèles de la chancelière, Annegret Kramp-Karrenbauer en 2018 puis Armin Laschet en 2021, Friedrich Merz s’est alors mué en opposant de l’intérieur, défendant une ligne résolument conservatrice sur le plan des valeurs et ultralibérale en matière économique, très éloignée de la politique centriste de la chancelière.

Pour diriger la CDU désormais dans l’opposition, c’est donc lui que les adhérents ont élu. Selon le politiste Albrecht von Lucke, rédacteur en chef de la revue Blätter für Deutsche und Internationale Politik, ce choix est judicieux : « Face au nouveau chancelier, [le social-démocrate] Olaf Scholz, qui s’inscrit dans une forme de continuité avec Merkel, Merz, à l’inverse, peut incarner la rupture. Avec sa force rhétorique, il peut tenir tête à Scholz qui est lui-même assez faible. Il ne faut jamais oublier que si le SPD [Parti social-démocrate] a gagné les législatives, c’est seulement avec un point de plus que la CDU. »

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