France World

Abus sexuels dans l’Eglise : l’ancien pape Benoît XVI accusé d’inaction

L’ancien pape Benoît XVI et le cardinal allemand Reinhard Marx, le 31 août 2011, à Castel Gandolfo, près de Rome. TIZIANA FABI / AFP

Encore une sombre journée pour l’Eglise catholique. Certes, le rapport publié par le cabinet d’avocats bavarois Westpfahl Spilker Wastl (WSW), jeudi 20 janvier, n’est pas le premier à décrire l’ampleur des abus sexuels commis par des clercs, ces dernières décennies, dans une Allemagne régulièrement secouée par ce type de révélations depuis 2010. Mais, en pointant les manquements de Joseph Ratzinger du temps où il était archevêque de Munich et Freising (1977-1982), il est le premier à accuser directement un ancien pape – Benoît XVI (2005-2013), âgé de 94 ans – d’avoir protégé des prêtres agresseurs.

Long de 1 900 pages, ce rapport basé sur des centaines de documents et l’audition de 56 témoins fait état de 235 auteurs présumés d’agressions sexuelles commises entre 1945 et 2019 dans l’archidiocèse de Munich et Freising. Au total, 497 victimes ont également été identifiées, un peu plus de garçons que de filles, pour la plupart enfants ou adolescents au moment des faits. S’agissant du futur Benoît XVI, les auteurs estiment que celui-ci a pris de « mauvaises décisions » dans quatre cas où il n’est pas intervenu à l’époque où il dirigeait l’archevêché, alors que, pour deux d’entre eux, les prêtres mis en cause avaient déjà été condamnés par la justice allemande.

Une affaire est particulièrement embarrassante pour Ratzinger. Elle remonte à 1980, date à laquelle Peter Hullermann, un prêtre du diocèse d’Essen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) accusé de pédophilie, a été transféré dans celui de Munich pour y suivre une thérapie. Le futur Benoît XVI a toujours nié avoir eu connaissance du passé de ce prêtre. Il affirme notamment ne pas avoir assisté à la réunion qui, le 15 janvier 1980, a acté son arrivée à Munich. Une version jugée « peu crédible » par les auteurs du rapport : non seulement le procès-verbal de la réunion ne dit pas que l’archevêque était absent, mais il indique que ce dernier est intervenu sur deux autres sujets au cours de celle-ci. Quelques semaines après son transfert en Bavière, Hullermann était à nouveau au contact de mineurs. Condamné en 1986 à dix-huit mois de prison avec sursis, il a ensuite officié dans différentes paroisses de la région jusqu’à sa suspension définitive, en 2010, à l’âge de 63 ans.

« Choc et honte »

L’impunité dont a joui ce prêtre bien après le départ de Ratzinger de l’archevêché, en 1982, rappelle que le futur Benoît XVI est loin d’être le seul prélat à avoir couvert de tels actes. En réalité, les cinq archevêques qui se sont succédé à Munich depuis la fin de la guerre sont tous mis en cause. Notamment l’actuel prélat, Reinhard Marx, en poste depuis 2008, accusé d’inaction dans deux affaires.

Il vous reste 58.02% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article Abus sexuels dans l’Eglise : l’ancien pape Benoît XVI accusé d’inaction est apparu en premier sur zimo news.