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Guinée : l’ancien président Alpha Condé s’envole pour des soins à Abou Dhabi

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Capture d’écran tirée d’une séquence envoyée à l’AFP par une source militaire qui montre Alpha Condé, président de la Guinée, après sa capture par des putschistes de l’armée lors d’un coup d’Etat à Conakry, le 5 septembre 2021. AFP

Maintenu sous bonne garde depuis le coup d’Etat militaire qui l’a déposé, le 5 septembre 2021, l’ancien président Alpha Condé, âgé de 83 ans, s’est envolé lundi 17 janvier à destination d’Abou Dhabi, capitale des Emirats arabes unis, pour y subir des examens médicaux.

Le colonel Mamady Doumbouya, putschiste en chef à la tête de ses forces spéciales, devenu président de la transition, avait donné son feu vert il y a deux semaines en présentant ses vœux au corps diplomatique. « A titre humanitaire, j’ai accédé à la demande de soins médicaux à l’étranger pour l’ancien président Alpha Condé. Il ira dans un pays de son choix dans les prochains jours. Je profite donc de cet instant pour saluer les pays amis qui ont œuvré à cela », avait-il annoncé.

Cet assouplissement de ses conditions de vie était une des exigences formulées par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). « L’ancien président Alpha Condé est autorisé à aller se faire consulter à l’extérieur pour une période d’un mois », avait ensuite précisé un communiqué du gouvernement lu à la télévision publique.

Quelque temps auparavant, l’organisation sous-régionale avait eu partiellement gain de cause sur la « libération » de l’ancien président (2010-2021) maintenu au secret dans un palais de Conakry depuis sa chute. Fin novembre, il avait été transféré dans la maison de son épouse Hadja Djénè Kaba Condé, dans le quartier résidentiel de Dixinn. La Guinée demeure suspendue des instances de la Cédéao et les membres de la junte ainsi que leur famille sont toujours placées sous sanctions individuelles (gel des avoirs financiers et interdiction de voyages).

Quasiment coupé du monde

« Le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), [la junte qui a pris la direction du pays] continuera à assurer à l’ancien chef de l’Etat un traitement digne de son rang, et ceci sans aucune pression nationale et internationale », précisaient alors les nouvelles autorités guinéennes.

Les diplomates ou chefs de l’Etat de la région qui avaient pu rencontrer le président déchu avaient pu s’assurer, à plusieurs reprises, que ce dernier n’était pas maltraité. Il était toutefois quasiment coupé du monde – à l’exception de la présence de son cuisinier et majordome togolais et des visites quotidiennes de son médecin –, et privé de ses téléphones portables.

Plusieurs pays étaient prêts à accueillir Alpha Condé, parmi lesquels la Turquie et le Qatar. Alpha Condé a finalement choisi Abou Dhabi. « Les Emirats arabes unis ont toujours entretenu de bonnes relations avec lui et la Guinée », souligne un diplomate guinéen. En août 2021, six accords avaient été signés entre les deux parties portant sur le transport aérien, les mines et les infrastructures.

Le groupe Abu Dhabi Ports assure également la gestion du terminal de conteneurs de Kamsar, port minier situé à 250 kilomètres au nord de Conakry. « C’est sans doute une garantie pour le retour de l’ancien président. Les Emiratis, avance une source diplomatique, ont des intérêts à défendre et n’ont aucun intérêt à se brouiller avec les nouvelles autorités. »

Pas de « chasse aux sorcières »

Ces dernières ne sont pas décidées à laisser l’ancien président s’évanouir dans la nature. « Il dispose de réseaux et d’une certaine capacité de nuisance », confie un conseiller ministériel guinéen. « La Cédéao s’est engagée à ce qu’il rentre à Conakry une fois ses examens complétés », ajoute cette source. Le CNRD veut bien le laisser partir temporairement mais compte bien l’avoir toujours sous la main. Une décision de la justice guinéenne, prise trois jours avant son départ pour Abou Dhabi, indique ainsi que l’ancien président pourrait bien être jugé, un jour.

Peu après son coup de force, le colonel Doumbouya avait assuré qu’il n’y aurait pas de « chasse aux sorcières » mais que la justice serait la « boussole » du pays. Vendredi 14 janvier, le procureur général près la cour d’appel de Conakry, Alphonse Charles Wright, a instruit les procureurs sous son autorité « d’engager sans délai ou faire engager les poursuites judiciaires ou de saisir les juridictions compétentes autour des faits présumés commis pendant la période allant de 2010 à 2020 ».

Période durant laquelle Alpha Condé était aux affaires. Le procureur général cite parmi les faits sur lesquels enquêter les meurtres, les disparitions forcées, les arrestations ou les enlèvements par des agents de l’Etat, les actes de torture et les atteintes aux libertés individuelles…

La répression s’était intensifiée durant les derniers mois du régime d’Alpha Condé au fur et à mesure que se précisait son intention – initialement anticonstitutionnelle – de briguer un troisième mandat présidentiel malgré une forte contestation populaire. Plusieurs dizaines de personnes étaient tombées sous les balles des forces de l’ordre.

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