Pas question de faire une croix sur les soldes d’hiver malgré les difficultés rencontrées par les petits commerces depuis le début de la crise sanitaire. Dans le secteur de la mode, leur chiffre d’affaires a en moyenne reculé de 15,8% en 2021 par rapport à 2019, selon la Fédération Allure, qui représente les détaillants indépendants de l’habillement et du textile. Fermeture imposée, couvre-feu… Les commerçants ont dû se plier aux restrictions sanitaires du gouvernement pour freiner l’épidémie de Covid-19, ce qui les a amenés à se retrouver avec de grandes quantités de stocks.
« Les soldes d’hiver vont permettre aux commerçants de liquider leurs stocks, même ceux de 2020 », souligne Jessica Nguyen, porte-parole de FlipNpik, une application dédiée au commerce local regroupant plus de 15.000 petits commerces et artisans. « Tout stock immobilisé est de l’argent gelé. En écoulant leurs stocks durant les soldes, cela va faire rentrer de la trésorerie dans les entreprises », ajoute-t-elle. Une manne financière utile pour leur permettre de renouveler leurs collections. Mais encore faut-il que les clients soient au rendez-vous.
Début des soldes difficile
Car en ces premiers jours de lancement des soldes d’hiver, on est loin de la ruée vers les magasins que les commerçants ont autrefois connue. Le mercredi 12 janvier, date d’ouverture des soldes qui s’étendront jusqu’au 8 février, les professionnels ont observé une baisse de la fréquentation. « On a une forte diminution du trafic dans les boutiques de l’habillement en ce début des soldes », confie Florence Bonnet-Touré, secrétaire générale de la Fédération nationale de l’habillement (FNH). Alors que cette période représente 10 à 20% du chiffre d’affaires annuel des commerçants de ce secteur, ces derniers craignent ainsi une baisse importante de leur revenu. « Ils appréhendent ces soldes d’hiver, déjà compromises », rétorque Éric Mertz, président de la fédération Allure. Selon une enquête de la FNH menée du 30 décembre au 10 janvier auprès de 900 commerçants indépendants, un tiers des répondants prévoit une baisse de 10 à 30% de son chiffre d’affaires sur les soldes d’hiver par rapport à 2019. 26% des interrogés ont également noté une chute de 30% leur activité en décembre 2021 par rapport à 2019. De quoi alimenter « une certaine angoisse de la part de commerçants qui n’arrivent pas à se projeter », indique Jessica Nguyen.
Craintes des Français pour leur pouvoir d’achat, augmentation des prix des matières premières, remboursement du PGE au printemps 2022… Une multitude de problématiques amènent les professionnels à s’interroger sur leur avenir. D’autant que, face à l’envolée des prix du transport et des matières premières, les commerçants pourraient être contraints d’augmenter prochainement le prix de vente de leurs marchandises. Une hausse de « 8 à 10% », estime Éric Mertz.
Lire aussiCovid-19, vente en ligne, inflation… Nombreuses incertitudes avant les soldes d’hiver
Miser sur la solidarité des consommateurs
Malgré tout, les représentants du secteur espèrent retrouver une clientèle importante dans les prochains jours. D’autant plus que les soldes sont « un évènement attendu par les Français et les commerçants y sont attachés », souligne Éric Mertz. En effet, selon un récent sondage effectué par Invibes Advertising, la moitié des Français ont l’intention d’effectuer des achats durant les soldes d’hiver 2022 et 61% des interrogés affirment que cette période est « toujours aussi importante » malgré la crise sanitaire.
Du côté des commerçants, les soldes sont « particulièrement attendus par les petites boutiques n’effectuant aucune vente sur Internet », ajoute Jessica Nguyen. La crise sanitaire a effectivement bouleversé les modes de consommation des Français qui se sont encore davantage reportés sur la vente en ligne pour effectuer leurs achats. Certains magasins ont sauté le pas en proposant notamment le click and collect pour que leurs clients puissent récupérer leurs achats en magasin après avoir réglé sur le site du commerçant. D’autres n’ont toutefois pas opté pour la vente en ligne et comptent donc davantage sur les soldes d’hiver pour faire revenir la clientèle dans leur boutique. « Les soldes sont également un bon moyen de fidéliser les clients », note Jessica Nguyen.
Bien que le e-commerce reste un canal conséquent pour les consommateurs en termes d’achat, les Français demeurent attachés aux magasins physiques. Selon une étude publiée par Adot en juin 2021 – qui s’était penchée sur les tendances de consommation des Français pendant les soldes d’été – 60% des sondés avaient affirmé vouloir effectuer leurs achats en magasin physique durant les soldes d’été. Un chiffre qui pourrait rassurer les commerçants sur l’affluence dans leurs magasins pour le premier week-end de soldes, ces 15 et 16 janvier. Les boutiques comptent également sur une certaine solidarité de la part des consommateurs qui voudraient acheter chez les commerces indépendants et non auprès des grandes enseignes dont quelques-unes n’hésitent pas, selon Jessica Nguyen, à pratiquer des soldes « agressifs ».
Lire aussiCovid-19: Comment la crise sanitaire bouleverse les achats de Noël des Français
]
L’article Soldes d’hiver: pourquoi les petits commerces y tiennent tant? est apparu en premier sur zimo news.