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Les soldes d’hiver démarrent à l’ombre du Covid

Les soldes d’hiver ont débuté mercredi matin dans un contexte déjà difficile pour les commerces physiques et minés cette année encore par la pandémie de Covid-19, même si les premiers clients partis à la chasse aux bonnes affaires en boutiques ne semblaient pas rebutés par le contexte sanitaire tendu.

« Je travaille, je vais en cours, alors pourquoi ne pas faire les magasins ? », dit Rose, étudiante en psychologie de 19 ans, qui fait du shopping dans les rues commerçantes du Châtelet à Paris.

Malgré la période particulière, les soldes restent un rituel pour Delphine, une mère au foyer de 21 ans, venue du Mans en famille dans la capitale: « On a pris le train à 6 heures ce matin et on reste une nuit à Paris pour nos achats ».

« On s’est posé la question d’acheter en ligne cette année, mais les magasins ont été fermés pendant longtemps, alors on voulait en profiter », ajoute la jeune femme.

« C’est un démarrage vraiment très mou » constatait toutefois à la mi-journée Martine Meimoun qui tient une boutique de lingerie rue Montmartre à Paris depuis 30 ans. La foule n’était d’ailleurs pas au rendez-vous dans ce quartier commerçant habituellement très fréquenté.

Si quelques dizaines de personnes attendaient l’ouverture des portes des grands magasins du boulevard Haussmann à Paris, ont constaté des journalistes de l’AFP, on est loin des impressionnantes cohues d’il y a quelques années, le Printemps n’ouvrant d’ailleurs désormais plus exceptionnellement à 8 heures, mais à 10 heures, son horaire habituel.

« L’inquiétude est forte, on voit que la décision de mettre tout le monde au télétravail (pour endiguer la propagation du Covid-19) a déjà eu un impact non négligeable sur l’afflux en boutiques », alertait lundi Florence Bonnet-Touré, la secrétaire générale de la Fédération nationale de l’habillement (FNH), qui représente les commerces indépendants du secteur.

Pour attirer les clients dans ce contexte incertain, les commerçants pourraient être tentés de casser les prix de manière significative.

Ils « doivent proposer des rabais conséquents dès les premiers jours des soldes s’ils veulent intéresser les consommateurs, car les premiers jours sont décisifs », notait mercredi matin dans un communiqué le Crocis, l’observatoire de la Chambre de commerce et d’industrie d’Ile-de-France. Ses enquêteurs « ont ainsi observé en ce premier matin de soldes des ristournes de 40 à 50% en moyenne, et certaines enseignes spécialisées dans les petits prix (Pimkie, Eram, Tezenis…) affichaient déjà -60% en vitrines ».

– « C’est sans fin » –

Les soldes ont aussi perdu de leur singularité avec l’émergence des promotions et ventes privées, sans oublier la vente en ligne.

Pierre-Yves Busi, 27 ans, vendeur dans une boutique de vêtements de sport déplore « le calme plat » de cette première matinée de soldes, mais pour lui, « il n’y pas que le Covid » qui pèse dans la balance. « Même moi qui travaille dans le prêt-à-porter, je ne fais plus les boutiques. Avec les frais de ports gratuits, j’ai tendance à acheter en ligne, c’est le même prix pour un gain de temps considérable », explique-t-il.

Le contexte d’inflation risque également de peser sur les ventes, la hausse de certains prix (énergie, alimentaire, etc.) grevant le budget alloué aux dépenses de mode. De quoi préoccuper les commerçants: 8 commerçants indépendants sur 10 se déclarent inquiets pour la pérennité de leur activité commerciale en 2022, selon la FNH.

Dans les rues du 1er arrondissement de Paris, le constat est mitigé. Pour Laure, 25 ans et employée dans le marketing, « ces soldes, c’est la shopping therapy ». Pour la jeune femme qui « n’a pas mis les pieds dans un magasin depuis longtemps », c’est « l’occasion de fermer les yeux sur le budget » n’ayant « quasiment rien acheté depuis mars 2020 ».

En revanche, pour Rose et d’autres passants, « le budget est réduit au strict nécessaire » après les dépenses des fêtes de fin d’années.

De quoi pousser, aussi, à trouver d’autres modèles économiques, moins dépendants des prix cassés: ainsi à Bordeaux, Maxime Razes, qui gère la boutique Do you speak français?, vendant des articles uniquement Made In France, ne fera, lui, pas de soldes.

« On estime que le prix du produit est juste pour les producteurs français. Il n’y a pas de raison que le produit soit dévalorisé à une période de l’année », explique-t-il.

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