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La déferlante Omicron provoque désorganisation et ruptures d’approvisionnement en Australie

Des agents de santé réalisent des tests de depistage PCR Covid-19 à la clinique St Vincent à Bondi Beach, à Sydney, le 1er janvier 2022. BIANCA DE MARCHI / AP

En découvrant que le rayon papier toilette a été dévalisé, comme aux premières heures de la pandémie, Michael Mason, un retraité qui fait ses courses dans un supermarché de Sydney en ce début janvier, lève les yeux au ciel. « Les gens sont idiots », bougonne-t-il avant de pousser son charriot vers le fond du magasin. Mais là, même déconvenue. Le rayon viande est à moitié vide. Et cette fois-ci, ce n’est pas parce que les clients, redoutant d’éventuelles ruptures de stocks, ont fait des réserves, mais parce que la grande distribution est confrontée à des problèmes d’approvisionnement, particulièrement en produits frais. Depuis les fêtes de Noël, la multiplication des arrêts maladie à cause de la déferlante Omicron perturbe la plupart des secteurs d’activité en Australie et le phénomène va en s’amplifiant.

Pénurie de main-d’œuvre

Dimanche 9 janvier, l’île-continent, qui a tourné la page du zéro Covid à l’automne, après avoir échoué à éliminer la vague Delta, a enregistré un nouveau nombre record de cas avec 99 651 tests positifs sur l’ensemble du territoire. Au total, le seul Etat de Nouvelle-Galles du Sud, avec ses 5 millions d’habitants, compte 234 066 cas actifs. C’est là que la nouvelle souche a pris pied, dès les premiers jours de décembre, mais personne ne s’attendait à ce qu’en quelques semaines, une explosion massive des contaminations contraigne des centaines de milliers de travailleurs, touchés directement ou indirectement par le coronavirus, à s’isoler. Plusieurs grands patrons ont tiré la sonnette d’alarme ces derniers jours. Les principales chaînes de supermarchés devraient composer, dans certains centres de distribution, avec 30 % à 50 % de leur masse salariale en moins, un niveau critique. Tout aussi inquiétant, le syndicat des travailleurs du transport a annoncé, mercredi, qu’entre un tiers et la moitié de ses chauffeurs routiers seraient actuellement, quotidiennement, hors circuit.

« Nous sommes tous dans la même galère », déplore David Flynn, propriétaire de deux restaurants sur la côte est australienne. « Le 4 janvier, j’ai dû fermer l’un de mes établissements, le Rick Shores, faute d’employés. Mon second restaurant reste ouvert mais je dois constamment changer notre carte car nos fournisseurs aussi manquent de bras. Sans compter les clients malades qui décommandent constamment », soupire ce patron.

« L’Australie fait face à l’une des progressions les plus spectaculaires au monde du nombre de cas. Aucun secteur d’activité n’est épargné. Même si le pic arrive d’ici fin janvier, comme certains l’espèrent, je ne pense pas qu’il faille s’attendre à une amélioration significative de la situation avant, au minimum, deux mois », estime l’économiste Jim Stanford, directeur du Centre for Future Work. Comme les épidémiologistes, il reproche au gouvernement de Nouvelle-Galles du Sud d’avoir trop tardé à prendre des mesures sanitaires et d’avoir tout misé sur le taux de vaccination record de sa population ; près de 93 % des plus de 12 ans ont reçu au moins deux doses. Le nouveau premier ministre de l’Etat, Dominic Perrottet, un catholique pratiquant qui prône la « responsabilité individuelle », a attendu le 24 décembre pour imposer ne serait-ce que le port obligatoire du masque en intérieur.

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