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Au Kazakhstan, le président annonce le départ des soldats russes et nomme un nouveau premier ministre

Sur cette photo du service de presse de ministère de la défense russe, des véhicules militaires russes quittent l’aéroport d’Almaty, le 9 janvier 2022. AP

Il avait fait appel à Moscou jeudi alors que son pays était en proie au chaos et avait limogé son gouvernement dans une vaine tentative d’apaisement. Le président kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev, a annoncé, mardi 11 janvier, que les troupes déployées par la Russie se retireraient à partir de cette semaine.

Faisant part d’un retour à la normale, il a également nommé un nouveau premier ministre alors que ce vaste pays d’Asie centrale a été secoué la semaine dernière par des violences jamais vues depuis son indépendance, en 1991. Elles ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés, poussé au déploiement d’une force militaire régionale pilotée par la Russie et amené à l’arrestation de milliers de personnes.

Les émeutes sont qualifiées d’agression « terroriste » par les autorités, qui n’ont toutefois pas fourni de preuves concrètes en ce sens. Elles avaient éclaté dans le cadre de manifestations contre la hausse des prix du carburant, sur fond de dégradation du niveau de vie et de corruption endémique dans cette ex-république soviétique.

Près de 10 000 personnes arrêtées

« La mission principale des forces de maintien de la paix (…) s’est terminée avec succès, a déclaré M. Tokaïev. Le retrait progressif du contingent unifié de l’[Organisation du traité de sécurité collective, OTSC] débutera dans deux jours. Ce processus ne prendra pas plus de dix jours. » Ces soldats, principalement russes, ont été déployés de façon inédite dans le cadre de cette alliance militaire d’ex-républiques soviétiques, placée sous la houlette de Moscou. Selon le président kazakh, cette force se compose de 2 030 militaires.

Le ministre de la défense russe, Sergueï Choïgou, a précisé de son côté mardi que le départ se ferait une fois la situation « totalement stabilisée » et « sur décision » des autorités kazakhes. Lundi, son homologue, Vladimir Poutine, avait confirmé que les troupes étaient là « pour une période limitée ».

Le pouvoir kazakh a, en outre, procédé à des arrestations massives dans ce pays autoritaire sans opposition politique tolérée. Mardi, le ministère de l’intérieur a fait savoir que près de 10 000 personnes avaient été arrêtées. Aucun bilan humain précis des troubles n’a, lui, été fourni. Les violences les plus graves ont eu lieu dans la capitale économique, Almaty, où de nombreux bâtiments publics ont été saccagés et les commerces pillés tandis qu’émeutiers et forces de l’ordre s’opposaient dans des affrontements armés.

Attaque frontale contre le « père de la nation »

Signe d’un retour à la normale, les députés kazakhs ont confirmé la nomination d’un nouveau premier ministre, Alikhan Smaïlov, après la démission du gouvernement, la semaine dernière. M. Smaïlov, 49 ans, ancien ministre des finances, a aussi été un assistant de l’ex-président Noursoultan Nazarbaïev, qui a dirigé le Kazakhstan pendant trois décennies jusqu’en 2019. Les députés ont également confirmé mardi la nomination d’un nouveau gouvernement. Lors des troubles, des manifestants avaient scandé leur colère contre l’ancien dirigeant de 81 ans.

Le président Tokaïev a lancé, pour sa part, une attaque frontale contre son père politique mardi, l’accusant d’avoir favorisé l’émergence d’une « caste » ayant accaparé les richesses de ce pays regorgeant d’hydrocarbures, une critique sans précédent à l’égard de celui qui est considéré comme le « père de la nation » et bénéfice du culte de la personnalité.

« A cause du premier président, le Elbasy [« père de la nation »], une caste de sociétés très profitables, de gens très riches, est apparue dans le pays. Je pense que le temps est venu de payer un tribu au peuple du Kazakhstan », a dit celui qui a fait toute sa carrière politique dans l’ombre de M. Nazarbaïev, alors que filles, gendres, petits-enfants et autres proches de l’ex-chef de l’Etat contrôlent des postes et des intérêts économiques très importants.

Des filles de Nazarbaïev à des postes-clés

Il veut donc que les élites, qui « dans l’ombre » disposent « de fonds énormes », ainsi que les grandes entreprises approvisionnent un fonds dont bénéficiera la population. Premier signe dans cette direction, M. Tokaïev a annoncé qu’il prévoyait de mettre fin à un monopole privé, très critiqué, sur le recyclage des déchets, lié à la fille cadette de M. Nazarbaïev, Alia, 41 ans.

Une autre fille de celui-ci, Dinara, et son mari, Timour Koulibaïev, comptent parmi les personnes les plus riches du Kazakhstan. Ils contrôlent la grande banque Halyk et ont un poids important dans le secteur-clé du pétrole. Enfin, la carrière politique de la fille aînée, Dariga, notamment au Parlement, a été marquée par une série de déclarations controversées, des informations lui prêtant également d’importants intérêts commerciaux.

Un des alliés de poids de M. Nazarbaïev, Karim Massimov, a été arrêté samedi pour haute trahison après avoir été limogé de la tête des services secrets. Si les tensions sociales et les luttes au sein du pouvoir sont bien réelles, M. Tokaïev juge néanmoins que les émeutes étaient une « tentative de coup d’Etat » par des « terroristes » étrangers. Il a reçu le soutien, à ce titre, de M. Poutine.

Le Monde avec AFP

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