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Un an après l’attaque du Capitole, la communauté QAnon balkanisée, mais toujours influente

Un homme vêtu d’un tee-shirt QAnon attend Donald Trump, le 25 septembre 2021, à Perry, dans l’Etat de Géorgie.  Malgré le revers de l’ancien président, le mouvement complotiste n’a pas disparu. SEAN RAYFORD / GETTY IMAGES VIA AFP

Le 6 janvier 2021, le monde entier découvrait un homme torse nu, des cornes sur la tête, posant fièrement au cœur du Capitole des Etats-Unis. Comme des millions d’internautes intoxiqués de théories du complot, le « QAnon Shaman » (Jake Angeli, de son vrai nom) croit à la prophétie selon laquelle Donald Trump, épaulé par « Q », une mystérieuse entité s’exprimant par aphorismes sur Internet, lutte contre un réseau pédosataniste à la Maison Blanche. Et au fait que, malgré la victoire électorale, selon eux volée, de Joe Biden, il restera pour un second mandat.

La prophétie ne s’est pas réalisée, et le 20 janvier, jour d’investiture de M. Biden, M. Trump a bien quitté le bureau Ovale, et M. Angeli, qui a depuis renié le mouvement et l’ancien président, a été condamné à quarante et un mois de prison. Avec lui, de nombreux QAnonistes ont tourné les talons, déçus. A l’image du complotiste repenti Jitarth Jadeja, qui dans un moment de télévision surréaliste s’est excusé auprès d’un animateur de CNN d’avoir cru qu’il mangeait des bébés. Mais d’autres sont restés, plus fermement convaincus que jamais de l’existence de ces complots.

Combien sont-ils aujourd’hui à adhérer à ce corpus de croyances mystiques, trumpistes et millénaristes né en 2017, et répandu sur des forums conspirationnistes d’extrême droite comme 8chan ou 8kun ? Impossible de chiffrer l’ampleur du phénomène. D’autant que, si certains se sont défaits de leur foi en Q et en Donald Trump, ils peuvent rester perméables aux récits fantaisistes.

Un mouvement marginalisé, mais qui a fait des émules

Selon plusieurs sondages, entre 3 % et 7 % des Américains s’identifiaient en 2020 en tant que membres de la mouvance QAnon. Depuis le camouflet du 6 janvier 2021, les grandes plates-formes, Facebook en tête, ont fait le ménage, supprimant pages et profils proches de cette communauté par milliers, la poussant vers des réseaux plus marginaux, comme Odysee, VK ou Telegram.

Moins visible car moins centralisé, son cœur militant continue de relire l’actualité sous son prisme conspirationniste délirant. Un an après son intronisation « fantoche », M. Biden serait selon eux maintenu captif dans les geôles de la Maison Blanche, remplacé en public par un acteur, tandis que le véritable pouvoir serait secrètement aux mains de l’armée et de M. Trump. Quant aux autres dirigeants, comme Emmanuel Macron, ils auraient été exécutés en 2018, remplacés par des sosies.

Ce récit abracadabrantesque paraît aujourd’hui très marginal, mais de manière diffuse le logiciel de pensée complotiste de QAnon a irradié en profondeur la société américaine. A la fin du printemps 2021, un tiers des Américains continuaient ainsi de croire à la théorie du complot selon laquelle M. Biden aurait « volé » l’élection américaine de 2020, et même 15 % à l’existence d’une élite pédosatanique qui contrôlerait dans l’ombre la société. Deux thèses centrales dans l’imaginaire QAnon.

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