Publié le : 07/01/2022 – 13:22
Depuis jeudi, des troupes russes sont dépêchées au Kazakhstan à la demande du gouvernement kazakhstanais dans le cadre du mécanisme de défense de l’OTSC, l’Organisation du traité de sécurité collective, une sorte de « mini-Otan » sous influence russe. Explications.
Pour faire face aux émeutes et aux manifestations qui secouent le Kazakhstan depuis le début de la semaine, un contingent de troupes russes (notamment des parachutistes) et d’autres pays alliés de Moscou est arrivé jeudi dans le pays et appuie le pouvoir en place en protégeant les bâtiments stratégiques et en épaulant les forces de l’ordre.
Le président en exercice de l’OTSC, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, a indiqué sur Facebook que l’alliance avait décidé d’envoyer « une force collective de maintien de la paix » pour « une durée de temps limitée afin de stabiliser et normaliser la situation dans ce pays », qui a été provoquée par « une ingérence extérieure ».
Une version minimaliste du défunt pacte de Varsovie
Cette intervention s’inscrit dans le cadre de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), qui regroupe autour de la Russie cinq anciennes républiques soviétiques demeurées dans son « pré-carré » : la Biélorussie, l’Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan.
Fondée en 2002, quelques mois après le début de l’intervention internationale en Afghanistan, cette alliance militaire s’est dotée en 2019 d’une force d’intervention rapide de 20 000 hommes et d’une force de maintien de la paix de 3 600 membres reconnue par l’ONU. L’organisation eurasiatique dispose de troupes basées au Tadjikistan et au Kirghizstan.
Pensée comme « une forme de contrepoids de la Russie face à l’Alliance atlantique », où Moscou et son armée moderne disposent d’un fort ascendant militaire sur leurs alliés, l’OTSC se veut la « garante de la stabilité en Asie centrale » observe David Teurtrie. « L’organisation dépend de la capacité de l’armée russe à se projeter », poursuit ce chercheur spécialiste de l’Eurasie.
De la Biélorussie à l’Arménie, la défense de la zone d’influence russe
Les membres de l’OTSC ne sont pas confrontés aux mêmes problématiques. Les États d’Asie centrale, proches de l’Afghanistan, « font face aux menaces de déstabilisation » venant de ce pays, explique David Teurtrie.
La Biélorussie est, elle, davantage concernée par l’Otan, présente à ses frontières – la Lituanie, la Lettonie et la Pologne ayant rejoint l’Alliance atlantique. L’Arménie, quant à elle, recherche l’appui de l’organisation dans son conflit avec l’Azerbaïdjan.
Au Kazakhstan, l’intervention de l’OTSC, à la demande des autorités locales, permet à la Russie de stabiliser un pays frontalier sans apparaître directement, remarque Pierre Ausseur. « Envoyer des militaires à travers l’OTSC est une façon de rester un peu masqué, de donner l’image d’une intervention de tous les pays du Caucase, et pas seulement de la Russie », affirme le directeur général de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques (FMES). L’ex-militaire craint toutefois des « bavures » à venir et souligne que « les militaires ne sont jamais indiqués pour mater des émeutes ».
Avec AFP
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