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Afghanistan : des Taliban exigent la décapitation des mannequins dans les boutiques

Publié le : 05/01/2022 – 22:28

Dans l’ouest de l’Afghanistan, les commerçants de Hérat ont été contraints de couper la tête des mannequins de leurs boutiques après une directive locale des Taliban. Le groupe extrémiste considère ces représentations humaines contraires à son interprétation de la loi islamique.

Les Taliban ont ordonné aux vendeurs de vêtements de la ville de Hérat, dans l’ouest de l’Afghanistan, de décapiter les mannequins de leurs magasins. La directive s’ajoute à une série de mesures des Taliban pour imposer dans le pays leur vision rigoriste de l’islam, limitant les libertés publiques – surtout des femmes et filles.

« Nous avons demandé aux commerçants de couper la tête des mannequins, car cela va contre la loi [islamique] de la charia », a confirmé mercredi à l’AFP Aziz Rahman, chef du département pour la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice de Hérat, troisième plus grande ville du pays avec environ 600 000 habitants.

« S’ils se contentent de recouvrir la tête, ou cachent le mannequin [entier] l’ange d’Allah ne rentrera pas dans leur magasin ou dans leur maison pour les bénir », a-t-il continué, ajoutant que les vendeurs de vêtements ont promis qu’ils obéiraient.

Une vidéo montrant des hommes en train de couper à la scie les têtes de mannequins féminins en plastique circule largement depuis mardi sur les réseaux sociaux.

This is Herat where the Taliban authorities have asked clothing shops to behead all “female mannequins” calling them “un-Islamic”. Herat was called “the pearl of Khurasan” by Rumi and has been considered the cultural capital of #Afghanistan. pic.twitter.com/CUBA6fSE74

— Zia Shahreyar l ضیا شهریار (@ziashahreyar) January 3, 2022

Des commerçants craignent une baisse des ventes

Plusieurs commerçants de Hérat interrogés par l’AFP se sont dit mécontents. « Comme vous le voyez, nous avons coupé les têtes des mannequins dans le magasin », regrette Basheer Ahmed, se plaignant que chacun de ses mannequins lui a coûté 5 000 afghanis (environ 42 euros). « Quand il n’y a pas de mannequin, comment espérez-vous vendre vos produits aux consommateurs ? », a-t-il ajouté.

Les Taliban n’ont pour l’instant émis aucune directive nationale concernant ces mannequins en plastique, en conflit avec leur interprétation stricte de la loi islamique, qui interdit la représentation de figures humaines.

Lors de leur premier règne dans les années 1990, ils avaient choqué le monde avec la destruction de deux statues du bouddha.

Multiplication des restrictions visant les femmes

Depuis leur retour au pouvoir en Afghanistan, les Taliban, qui cherchent à être reconnus par la communauté internationale et aimeraient le retour de l’aide humanitaire cruciale pour l’Afghanistan, se disaient pourtant plus modérés.

Mais les islamistes ont depuis imposé plusieurs restrictions, notamment aux femmes et aux filles. Ils ont annoncé que les femmes désirant voyager sur de longues distances devaient être accompagnées par un homme de leur famille proche et appelé les conducteurs de taxi à n’accepter des femmes à bord de leur véhicule que si elles portent le « voile islamique ».

Les autorités talibanes ont également multiplié les perquisitions d’alcool et interdit la musique.

Avec AFP

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