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L’Asie du Sud-Est au cœur de la rivalité sino-américaine

L’Asie du Sud-Est est au cœur d’un nouveau grand jeu de séduction et d’influence : anciens Etats tributaires à des degrés divers de l’Empire chinois, les dix pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) ont connu la colonisation européenne, l’occupation japonaise, puis la polarisation sous la guerre froide. Désormais, c’est la Belt and Road Initiative (BRI) chinoise d’un côté – les « nouvelles routes de la soie » – et la stratégie indo-pacifique américaine de l’autre, qui y exercent leur champ de forces contradictoires.

A la différence des grands acteurs d’Asie-Pacifique qui ont rejoint le Quad (Inde, Japon, Etats-Unis et Australie) et Aukus (Australie, Etats-Unis et Royaume-Uni), les pays de l’Asean se maintiennent dans une position d’équilibre : trop proches et dépendants de la Chine pour s’engager dans des alliances plus formelles que celles existant déjà (Manille et Bangkok sont des alliés américains), tous ont signé des « MOU » (protocoles d’accord) sur la BRI avec la Chine – même le Vietnam, en 2017. Tous aussi abritent des diasporas chinoises importantes, que la Chine « active » judicieusement en faisant de ses membres – les plus en vue, mais aussi les plus discrets – des relais économiques et politiques.

En général désireux d’un contrepoids américain, tous, ou presque, font aussi mine d’adhérer aux principes de la défense d’un Indo-Pacifique « libre et ouvert » promue par Washington – tout en attendant les propositions plus concrètes que pourrait receler l’Indo-Pacific Economic Framework annoncé par Joe Biden. Après la vice-présidente, Kamala Harris, au Vietnam et à Singapour, en août 2021, la visite d’Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, en Indonésie et en Malaisie, en décembre 2021 (la Thaïlande fut annulée à la suite d’un cas de Covid-19 dans sa délégation), a confirmé l’importance de la région pour l’administration Biden.

Nouveaux « couloirs » d’échanges

A Djakarta, M. Blinken a trouvé chez ses hôtes une oreille d’autant plus attentive que la Chine a sommé, il y a quelques mois, l’Indonésie de cesser ses explorations de pétrole et de gaz offshore au nord des îles Natuna, dans sa zone économique spéciale, au prétexte qu’elles ont lieu en deçà de la « ligne à 9 points » dont se réclame Pékin pour revendiquer la quasi-totalité de la mer de Chine du Sud – en violation de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Cette injonction s’est ajoutée à un climat de confrontation : la Chine envoie des drones espions ou ses garde-côtes. L’Indonésie a musclé ses patrouilles navales.

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